samedi 12 novembre 2016

L’unité des chrétiens pour renouveler le projet du Grand Liban - L'Orient-Le Jour

L'unité des chrétiens pour renouveler le projet du Grand Liban - L'Orient-Le Jour

L'unité des chrétiens pour renouveler le projet du Grand Liban

En 1990, nous avons perdu la guerre pour deux raisons : la guerre fratricide pour le pouvoir dans nos régions et une déviation des fondements de la cause.
Notre défaite a été scellée par l'accord de Taëf qui a introduit un déséquilibre majeur entre chrétiens et musulmans, tout en reconnaissant aux Syriens un rôle mandataire.
De 1990 à 2005, le déséquilibre a été total : la seconde République n'en était plus une. Durant l'occupation syrienne, nous avons été systématiquement affaiblis surtout à travers les différentes lois électorales. Tous les fondements de la République – institutions, administration, éducation nationale, armée, organes sécuritaires et économiques – ont été sapés. Sous le couvert du traité de fraternité avec la Syrie, le Liban a été endetté, racketté et la corruption a été institutionnalisée pour devenir systématique ;
sans parler des scandales boursiers qui ont éclaté.
Pour abattre notre résistance et nous punir d'avoir osé leur résister toutes ces années, tous les moyens ont été utilisés : le meurtre, la persécution physique et morale, l'emprisonnement, l'exil et l'enlèvement. Cela n'a fait qu'ancrer plus profondément la cause dans notre âme et renforcer notre détermination à nous libérer ; ce qui s'est produit en 2005.
En 1994, le ministre de l'Intérieur a amplifié le déséquilibre démographique avec le décret de naturalisation n° 5247 du 20 juin de cette année-là. Plus tard, nous avons appris du même ministère, que 202 000 étrangers avaient été naturalisés, dont 151 000 musulmans (parmi lesquels 109 000 sunnites). En réalité, pas moins de 400 000 étrangers ont été naturalisés dont 70 000 Palestiniens, alors même que la Constitution interdit l'implantation. Il faut rendre la nationalité libanaise aux Libanais (comme on a enfin commencé à le faire cette année) et non l'octroyer aux étrangers.
Depuis cette époque, nous contribuons aux recettes du Trésor libanais à hauteur de 62 % alors qu'il ne nous est alloué que 12 % du budget de l'État en salaires et en services pour nos régions (source : Labora). Nous avons donc plus de devoirs, mais moins de droits. C'est inacceptable !
De 2005 à 2016, le déséquilibre s'est poursuivi : une nouvelle ère a commencé au Liban avec le retrait des troupes syriennes en 2005 et au Moyen-Orient avec le début des révolutions arabes en 2011. Mais elle est bouleversée par trois facteurs :
1. Le conflit entre sunnites et chiites au Liban et dans la région
Ce conflit a pris de nouvelles proportions et s'est même transformé en une miniguerre civile au Liban (le 7 mai 2008). Si elle s'était prolongée, elle aurait inévitablement débordé jusque dans nos régions, où nous aurions été des dommages collatéraux surtout dans les régions chrétiennes frontalières !
2. La guerre en Irak et en Syrie
La détérioration de la situation en Irak et en Syrie a poussé les principales puissances régionales et internationales à desserrer leur étau sur le Liban, mais leur conflit se cristallise. Nous assistons à l'exode massif des chrétiens d'Irak et de Syrie. Quant au Liban, il est submergé par plus de 2 millions de réfugiés syriens en plus de 650 000 réfugiés palestiniens (en comptant ceux qui ont fui la Syrie) !
3. De nouveaux accords « Sykes-Picot » en perspective !
L'engagement militaire international en Syrie et en Irak laisse présager l'émergence d'un nouveau Moyen-Orient dans le futur bien que nul n'en connaisse encore réellement les contours, notamment en ce qui concerne les frontières des États et les systèmes politiques de ceux-ci. Il est inconcevable que ce nouveau remaniement se fasse à l'insu du Liban. Pour cela, nous avons besoin d'un chef d'État, véritablement chef de l'exécutif, à même d'imposer le Liban à la table des négociations régionales !
Saisissons l'occasion pour rééquilibrer le partenariat interlibanais : en raison de tout ce qui précède et parce qu'il y a tant à faire, il est vital pour nous Libanais en général et chrétiens en particulier de nous réveiller et de nous unir !
Face aux énormes déséquilibres politiques, économiques, démographiques et sociaux, il ne nous est plus permis de tergiverser, de réfléchir « petit » et de mettre toute notre intelligence dans des tactiques politiciennes. Nous devons transcender nos susceptibilités et nos divisions stériles pour nous unir derrière la cause !
Il faut saisir l'opportunité de l'élection d'un président représentatif, fruit d'une entente interchrétienne, le soutenir et renforcer la présidence de la République. Le nouveau président se doit d'être rassembleur car c'est seulement ainsi que nous pourrons relever ce grand défi !
Œuvrons ensemble :
- d'une part, sur l'échiquier régional, afin de garantir la place du Liban à la table des négociations qui redéfinira le nouveau Moyen-Orient ;
- et, d'autre part, sur l'échiquier national, afin de renforcer notre rôle, rétablir une vraie parité politique et participer activement au renouvellement du projet d'État du Grand Liban de demain.
Il y a près de 100 ans, le Grand Liban basé sur les valeurs de la liberté est né grâce à l'initiative des chrétiens. Aujourd'hui, ils sont appelés à remplir le même rôle historique : bâtir un nouveau modèle libanais et une nouvelle formule politique mettant un terme définitif à la lutte pour le pouvoir entre les différentes communautés religieuses. Nous voulons vivre avec nos coreligionnaires au Liban et en Orient en toute liberté, égalité, citoyenneté, sécurité et dignité !
Comme l'a dit le pape Benoît XVI, il faut que le Liban redevienne le « pays phare de la région ».
Je conclurai par ces quelques mots de Bachir : «Je suis sûr et confiant de la victoire. » Cette victoire est celle de ce nouveau Grand Liban auquel nous avons rêvé et que nous pouvons et devons aujourd'hui réaliser ensemble.

lundi 7 novembre 2016

Pour nos évêques c’est la République et la nation qui ont le devoir de s’adapter aux cultures et religions importées, dont l’islam

Pour nos évêques c’est la République et la nation qui ont le devoir de s’adapter aux cultures et religions importées, dont l’islam .
Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France a publié, le 13 octobre, une lettre intitulée « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique ». En résumé, ce texte plaide pour une redéfinition du contrat social et du contrat républicain « permettant à tous les Français de vivre ensemble sur le sol du territoire national, ce qui ne semble plus aller de soi »« Il convient donc pour l’avenir de notre société de redéfinir ce que c’est d’être citoyen français. » Sans être vraiment nommée, c’est bien de la difficulté de l’intégration de l’islam dans la République qu’il s’agit. 
Pour nos évêques c’est donc la République et la nation qui ont le devoir de s’adapter aux cultures et religions importées, dont l’islam, et non l’inverse.
Devant tant de béatitude, il fallait s’attendre à une récupération par l’islam politique. C’est ainsi que le Conseil théologique musulman de France, celui des « Frères musulmans » de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), a écrit le 1er novembre à la Conférence des évêques de France pour saluer son magnifique plaidoyer du vivre ensemble et lui proposer de jeter les bases des états généraux du vivre ensemble.Ce qui est intéressant c’est le contenu très politique de cette réponse, qui piège les évêques de France. Pour expliquer notre mal-vivre ensemble sont évoquées : d’abord la violence des conflits dans le monde « qui ne sont pas circonscrits, s’exportent et créent de la méfiance jusque dans les contrées les plus lointaines », que certains jouent « à les attiser à des fins, semble t-il, purement électoralistes »… Ensuite, le conflit en Syrie avec ses migrants qu’il est nécessaire d’accueillir religieusement (surtout s’ils sont musulmans, car rien n’est dit sur les chrétiens d’Orient), « car l’homme est un éternel voyageur ». Merci pour les terroristes infiltrés. Certains de nos responsables politiques sont également stigmatisés, qui manquent aux obligations de leur charge en ne magnifiant pas l’unité des enfants de notre peuple.Autrement dit, haro sur ceux qui dénoncent et combattent les dérives de l’islam radical dans notre pays. Mais c’est aussi la faute à Robert Ménard et ses panneaux dénonçant l’invasion des migrants dans sa commune, des états-major russe et américain, dont les déclarations font penser que nous sommes à la veille d’un conflit militaire mondial, et enfin de la laïcité qui n’a pas vocation à lutter contre les religions ni à « régenter la manière de s’accoutrer des Français ». Ce serait « un coup fatal porté à la stabilité et au vivre ensemble ». Nous y voilà, des menaces voilées contre ceux qui voudraient interdire le burkini ou le port du voile islamique dans l’espace public. Non, rien de politique dans tout cela, évidemment.Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France se retrouve ainsi mal à l’aise. Soit il répond à cette demande œcuménique et sera taxé de connivence avec les Frères musulmans et de semer la zizanie au sein de l’islam en France, soit il n’y répond pas et sera traité de sectaire et manquant de sincérité, ne considérant pas l’UOIF comme un interlocuteur valable. Dans les deux cas, il est piégé. Politique et religion ne font pas bon ménage. Par ailleurs, nos évêques ne semblent pas vouloir prendre en considération le sondage réalisé le 16 septembre 2016 par l’institut IFOP pour le Journal du dimanche, indiquant que près d’un tiers des musulmans français (28 %) estiment que leurs valeurs sont « incompatibles » avec celles de la République.