dimanche 30 mars 2014

«La Vierge et l’Enfant» sort de l’ombre et s’installe au Musée national - May MAKAREM - L'Orient-Le Jour


25/3/2014-«La Vierge et l'Enfant» sort de l'ombre et s'installe au Musée national

Fermée depuis 1975, la salle Igea a bénéficié d'une rénovation complète, financée par la Fondation nationale du patrimoine. Elle a été rebaptisée salle Maurice Chéhab (1904-1994), du nom du premier directeur général des Antiquités qui a marqué l'archéologie libanaise en organisant dès 1936 les structures du service des Antiquités, et dont la grande œuvre a été la fouille de Tyr et l'étude méthodique de ses monuments romains. Sans oublier que c'est aussi grâce à l'émir Chéhab – et, après lui, Camille Asmar – que les collections du musée ont été sauvegardées durant les années de guerre.
Papo Silène et la lionne de Chehim
Inaugurée le 29 août dernier par le ministre Gaby Layoun, en présence des deux enfants de l'émir, Walid et Ziad Chéhab, la salle abrite 22 pièces archéologiques dont certaines s'offrent au regard pour la première fois. Notamment le chapiteau en marbre qui ornait la basilique byzantine de Tyr; l'aigle en pierre calcaire datant de l'époque romaine, dévoilé lors des opérations de fouilles urbaines à Beyrouth, dans les années 90; ou encore le bas-relief sculpté dans le marbre de Papo Silène. Ivre mort, le ventre bedonnant, ce dernier est représenté avec son animal attribut: la panthère. À côté, sur une mosaïque provenant de Tyr, figure le même Papo Silène brandissant le canthare de vin et chevauchant sa panthère. Exhumé lors des travaux d'infrastructure menés dans le secteur de Zokak el-Blatt en 2010, le bas-relief avait servi de dalle pour une canalisation ottomane, révèle Anne-Marie Affeiche, conservatrice du Musée national.

Les explorations réalisées les vingt dernières années ont aussi livré de spectaculaires mosaïques, dont la Lionne qui décorait le chœur de la basilique de Chehim (VIe siècle). Elle a été dégagée en 1996 par une équipe d'archéologues polonais, libanais et français travaillant dans l'arrière-pays de Saïda. Un autre tapis de tesselles colorées décrit une scène nilotique, où sont représentés le dieu Nilos hissé sur un hippopotame et tenant une corne; un putto (enfant nu) gravant le niveau de la crue sur un nilomètre; et deux autres putti actionnant une barque au milieu de crocodiles, d'oiseaux et de poissons. Un paysage égyptien évocateur de prospérité et d'abondance. La pièce provient d'un quartier d'habitat romano-byzantin, comportant plusieurs maisons richement pavées en mosaïques, mis au jour au centre-ville, dans le secteur Starco, en 1994.
À l'honneur également, des mosaïques exposées par le passé mais qui n'avaient plus été vues du public depuis 1975, notamment la mosaïque relatant façon BD les conquêtes amoureuses de Jupiter (époque romaine) et celle du Bon Pasteur entouré des animaux du paradis. Cette pièce byzantine, découverte à Jnah dans les années soixante, garde trace d'un «œil de cible» qui rappelle les vestiges de la guerre civile et l'occupation du musée par une milice. L'ensemble de la collection a été nettoyé et consolidé par la spécialiste Isabelle Doumit Skaff et son équipe.
(Pour mémoire : Rempart contre l'amnésie, Beit Beirut figé comme Pompéi)
Le mécénat et l'application pour Smartphone
Un fait rare au Liban qu'Anne-Marie Affeiche souhaiterait centupler: le mécénat privé qui apporte sa contribution financière à la remise en état d'une statue ou objet parmi les tonnes de vestiges qui, faute de budget, dorment dans les dépôts de la DGA en attendant leur restauration. Celle de la fresque de La Vierge et l'Enfant a été rendue possible grâce à la générosité de May Mikati, épouse de l'ancien Premier ministre. La peinture qui avait subi des dégâts consécutifs au taux d'humidité tout au long des années de guerre ornait le mur nord d'une petite chapelle à nef unique mis au jour en 1942, à la rue des Banques lors de la construction d'un immeuble.

Alors que traditionnellement elle est vêtue de bleu, la Vierge est exceptionnellement en robe verte ; assis à ses côtés, un personnage en blanc au visage irrémédiablement illisible et dont les proportions apparaissent plus importantes que celles de la Sainte Vierge. Qui peut-il être? «L'historienne Ray Jabre pense qu'il s'agit du Saint Sauveur dont l'église n'a jamais été découverte à Beyrouth», rapporte Mme Affeiche. La peinture qui porte un petit tesson de céramique «glaçurée», typique de la période mamelouke, date du XIIIe siècle. L'iconographie fera l'objet d'une étude qui sera publiée dans la revue Baal, éditée par la DGA.
«Long et compliqué», selon Mme Affeiche, le travail de restauration a été exécuté par le spécialiste italien Giorgio Capriotti. «Respectant l'authenticité de la pièce, refusant d'imaginer les éléments manquants ou de traiter les lacunes picturales, Capriotti a employé la technique du traçage (tracegio) pour redessiner les lignes visibles.» La fresque a été ensuite montée sur un support «nid d'abeilles» tout à la fois léger et solide.
Par ailleurs, vous pouvez découvrir n'importe où, n'importe quand, la collection du musée avec les commentaires (en trois langues) de la visite grâce à l'application iPhone ou Smartphone financée par Antoine et Samia Meguerdiche. L'application sera disponible à partir du mois de mai.
(Pour mémoire : Et vogue la Bibliothèque nationale... à la dérive)
La coopération italienne au Liban
D'autre part, la collaboration entre la Direction générale des antiquités et le bureau de la coopération italienne au Liban se poursuit. Après la restauration en 2010-2011 des fresques de la tombe de Tyr, un chef-d'œuvre de l'art funéraire romain du IIe siècle de notre ère, les Italiens débloquent une nouvelle enveloppe pour étendre l'aménagement muséographique à tout l'étage du sous-sol. Le projet comprendra des installations illustrant les pratiques funéraires et leur évolution à travers les grandes périodes de l'Antiquité; une sélection de bijoux et vases en verre ou terre cuite provenant des fouilles récentes d'Achrafieh (zone des nécropoles) et une exposition de trente sarcophages anthropoïdes datés du VIe au IVe siècle avant J-C. Le parcours s'achèvera par la présentation d'un magnifique échantillon de vêtements remontant à l'époque mamelouke, trouvés en 1989-1991 dans la grotte de Assi el-Hadath, dans la vallée de la Qadisha. Rappelons que la grotte, explorée par le Groupe d'études et de recherches souterraines du Liban (GERSL), avait livré les premières momies (et peut-être les seules) du peuple maronite médiéval: trois femmes adultes, cinq fillettes (18 mois à quatre ans) et un nourrisson (quatre mois), naturellement momifiés, dormant d'un sommeil profond depuis 800 ans.
Pour mémoire
Pourquoi personne ne veut relancer la Maison des arts et de la culture?
Le retour aux sources d'Arish
Beyrouth parmi les douze villes culturelles du futur


Envoyé de mon Ipad 

samedi 22 mars 2014

Les jésuites au Liban et la Grande Guerre de 1914-1918 - Christian TAOUTEL et Pierre WITTOUCK s.j. - L'Orient-Le Jour

Rappel:Les jésuites au Liban et la Grande Guerre de 1914-1918

« On fait le pain avec l'eau de mer à Beyrouth (...) L'argent se prête à 40, 50 et 100 %. » Deux détails, parmi des dizaines d'autres, qui donnent une idée des conditions de vie dramatiques qui furent celles des Libanais durant la Première Guerre mondiale (1914-1918), encore appelée la Grande Guerre. Comme un vol de sauterelles, tous les malheurs du monde s'abattirent sur le Liban de l'époque.


À l'occasion du centenaire d'un conflit qui fit des millions de morts, une exposition de documents puisés dans les archives de la Compagnie de Jésus au Liban et les diaires (journaux rédigés quotidiennement) de nombreux pères jésuites est en préparation. Exhumés et parcourus par Christian Taoutel et Pierre Wittouck s.j., les documents révèlent de nombreuses pages oubliées de la vie quotidienne des Libanais durant cette période tragique, et de celle des missionnaires jésuites qui les accompagnèrent spirituellement et physiquement.


Les documents sont révélateurs. Les membres de la congrégation écrivent et agissent avec foi, dans l'intérêt avoué et explicite de protéger leurs élèves, leurs malades, leurs maisons, leurs églises, et finalement toute la population libanaise en ces circonstances tragiques. Certains diaires détaillent les terribles souffrances endurées par les habitants, en particulier à Beyrouth. Les témoignages dénoncent la brutalité des Ottomans et montrent à quel point la Grande Guerre renforça la cohésion et l'amour des jésuites pour leur ordre et le Liban.(*)


La guerre éclate
Le conflit éclate sous un prétexte : le 28 juin 1914, l'héritier de l'empire austro-hongrois et son épouse sont assassinés à Sarajevo par un anarchiste serbe. Imputé à la Serbie par le gouvernement autrichien, l'assassinat va déclencher la Première Guerre mondiale. Quand la guerre se déclare en Europe, l'Empire ottoman se rapproche naturellement de l'Allemagne et de l'empire d'Autriche-Hongrie, contre l'ennemi héréditaire russe. Il entre en guerre à l'automne 1914.
Frustré par les accords de 1861 convenus avec l'Europe instaurant au Liban la moutassarrifiya, accordant des privilèges administratifs et fiscaux à la Montagne libanaise, l'Empire ottoman se déchaîna : il fit arrêter et pendre de nombreux citoyens libanais et syriens, nationalistes et autonomistes, soupçonnés et accusés d'être pro-occidentaux.
Considérés comme « associés » aux puissances
européennes, les jésuites (majoritairement français à cette époque) subirent également les intimidations répétées des autorités ottomanes qui s'en prirent aux établissements et missions de la Compagnie.
Et très rapidement, le Liban sombra dans la famine...

La lettre de Georges Picot au Provincial des Jésuites à Beyrouth.


L'USJ évacuée...
Comme indiqué plus haut, le déclenchement de la Première Guerre mondiale entraîna la disparition de l'autonomie partielle acquise en 1861 grâce à la moutassarrifiya. Le 5 juin 1915, le dernier moutassarrif, Ohannès Kouyoumdjian Pacha, démissionne.


Toutefois, les exactions avaient déjà commencé. Le dimanche 8 novembre 1914, quelques jours après la rentrée scolaire, le commandant de la police et des gendarmes turcs ordonnent au recteur de l'Université Saint-Joseph, le père Gérard de Martimprey s.j., de « faire évacuer la maison en 2 heures et de lui en remettre les clefs ». Il y avait là 70 séminaristes, 300 élèves et 60 religieux, parmi lesquels des vieillards et des infirmes. Le jour même, le père recteur se rendit chez le wali de Beyrouth pour essayer d'obtenir un sursis, mais ce dernier lui répondit froidement : « Je suis fâché de ce qui vous arrive, mais vous avez le malheur d'être les alliés de nos ennemis traditionnels, et c'est la guerre... »


Dans une lettre émouvante et sévère, adressée le 15 novembre 1914 au consul général des États-Unis, le père Mc Court s.j. – agissant en tant que jésuite américain, comme supérieur légal provisoire de l'Université Saint-Joseph – semble complètement désemparé face à l'agression ottomane. Il prévient les autorités américaines que les Ottomans ont expulsé les jésuites de leur maison de l'Université Saint-Joseph et informe les autorités américaines des conséquences de cet acte :
« Ayant été expulsés de notre maison de l'Université Saint-Joseph, propriété de la mission et du Saint-Siège, nous sommes dans l'impossibilité de sauvegarder les nombreux objets de valeur... bibliothèque, matériel d'imprimerie, instruments de physique, musées et mobilier d'église... Et je crois de mon devoir de vous en prévenir et de vous prier d'en prévenir qui de droit, afin que, le cas échéant, chacun supporte la responsabilité de ses actes. »


Déportés en Grèce
Dans les jours qui suivirent, les prêtres des congrégations religieuses européennes sont obligés de quitter le pays. Ils sont rassemblés sur des bateaux et embarquent, sans rien emporter, pour la Grèce.
« Nous sommes sur un petit bateau construit pour une cinquantaine de personnes, presque 500 religieux et religieuses de toutes les congrégations, jésuites, maristes, lazaristes, dominicains, capucins, franciscains... Le voyage sera horrible, le prix aussi (...). Mais à peine le bateau eut-il levé l'ancre du port de Beyrouth qu'un joyeux Ave Maria s'échappa de toutes les bouches et tous les cœurs. Marie avait sauvé ses enfants de la main des barbares turco-allemands. »
« Les Ottomans réquisitionnent donc les hôpitaux et les institutions d'enseignement gérés par les missionnaires étrangers. Ce sont ainsi plus de 400 religieux et religieuses français qui quittent le Mont-Liban et Beyrouth. »


Le 22 février 1916, le provincial des jésuites, le père Claude Chanteur s.j., remet une copie de l'inventaire des possessions de la Compagnie de Jésus au Liban à l'abbé Séraphin Lagier (qui se charge de faire parvenir le document au ministère des Affaires étrangères en France). Un document manuscrit détaille la liste des biens, qui sont confiés aux Tabet et aux Sfeir, des familles résidant près de la maison de la Compagnie de Jésus à Beyrouth. Valises des prêtres, lampes, calices, livres et tapis, soutanes, uniformes et draps... autant d'objets du « patrimoine » de la mission jésuite, qui vont être dissimulés dans des maisons, risquaient moins d'être l'objet des perquisitions ottomanes.


Chapelles transformées en mosquées
En août 1916, la situation des jésuites est des plus mauvaises. L'USJ est occupée par le Croissant-Rouge ottoman et par la « Défense nationale ». Literie et mobilier ont été emportés. L'église Saint-Joseph de la Compagnie de Jésus a été fermée et l'une des chapelles aurait été transformée en mosquée. Une grande partie des manuscrits de la Bibliothèque orientale est envoyée à Istanbul.


Le bâtiment de la faculté de médecine est occupé par la faculté de médecine ottomane de Damas. La chapelle y a été transformée en mosquée. Les machines et instruments de l'imprimerie catholique ont été volés (le père Maalouf s.j. estime les pertes à 500 000 FF). Toutes les provisions cachées à Beyrouth ont été confisquées. Les lettres nous apprennent aussi qu'un agronome allemand, allié des Ottomans, a vendu aux enchères, à moitié prix, tout ce qui se trouvait à Bickfaya, Taanaïl et Ksara. Il faut rappeler que les pères jésuites (français) menacés avaient abandonné le domaine de Taanaïl pour rejoindre la résidence de Ksara (qui appartenait administrativement au Mont-Liban).


Dans la Montagne, on meurt de faim
En dehors de Beyrouth aussi, la guerre de 1914-1918 causera d'énormes dégâts aux jésuites. Abandonnée, la maison de Taanaïl est pillée, saccagée et incendiée. Les Turcs profitent de la situation et coupent tous les frênes du domaine déserté, ce bois étant recherché pour fabriquer les roues des porte-canons de l'armée ottomane.


Au collège Saint-Joseph de Antoura, chez les pères lazaristes, même son de cloche : « L'église, notre jolie église, est devenue cuisine. On fait les feux à la mode arabe sur les autels, et c'est pure barbarie gratuite, puisqu'il y a au collège une superbe cuisine pour alimenter 600 personnes. Mes confrères sont cachés dans la montagne où ils meurent de faim. »


À Ksara, la maison, les caves et l'observatoire sont entièrement saccagés et la bibliothèque dispersée. À Ghazir et à Bickfaya, les maisons sont très endommagées, les portes et les fenêtres démontées et emportées. À Homs et Alep, en Syrie, « il n'y a plus que les quatre murs des maisons ».

 Deux pages d'un diaire de l'époque.


Les pendaisons
Les archives des pères jésuites dévoilent aussi que plusieurs notables ont été pendus à cause de leurs sentiments francophiles. À Beyrouth, Joseph Béchara Hani et Philippe et Farid Khazen sont pendus sur la place publique. Ils meurent « courageusement et chrétiennement après avoir reçu les sacrements d'un prêtre maronite ». Ahmad Tabbara, propriétaire d'un journal, subit le même sort.


À Damas, Abdel Wahab el-Inglizi et Michel Pacha Moutran, condamnés comme traîtres à la patrie ottomane, sont promenés publiquement dans une charrette, fouettés et couverts de crachats et d'ordures. Tous les drogmans des consulats d'Alep, de Damas et de Tripoli, comme Espère Choukaire, du consulat anglais à Beyrouth, et Aziz Fiani du consulat russe de Beyrouth, sont déportés.


« Les patriarches maronites résidant à Dimane, ainsi que le patriarche syrien, ont été interrogés plusieurs fois par la cour martiale et ont été humiliés. Le Monseigneur Chebli, évêque maronite, a été déporté, condamné à mort par la cour martiale de Aley. L'évêque syrien de Gezireh ainsi que 34 prêtres catholiques ont été massacrés en 1915... »


Famine, misère et épidémies
À travers les diaires, on apprend que le pain se fit rare et souvent inexistant. Dans ses Mémoires, le patriarche maronite Élias Hoayek assure que le Liban « a perdu pendant la Grande Guerre plus du tiers de sa population en raison d'une famine organisée volontairement par l'ennemi ».
Le calcul politique ottoman consiste à affaiblir les Libanais en général, et les chrétiens en particulier, en les affamant au lieu de les massacrer comme en Arménie.
« Dès le 11 août 1914, chevaux, mulets, chameaux, tout est réquisitionné. Les chemins de fer eux-mêmes furent réservés aux transports militaires ottomans. Les locomotives (faute de houille) sont alimentées au bois de mûriers et des forêts libanaises... »
« À Beyrouth, les gens meurent de faim, on les ramasse dans les rues. » « En mai 1916, le déficit dans l'élevage du ver à soie atteint 85 %, les banques 50 % et l'argent se prête à 40, 50 et 100 %. »
« À Beyrouth, le kilo de farine coûte 2 francs 25. Le sucre 10 francs au minimum, le beurre 12 francs le kilo, l'huile, le riz, le café et le savon sont inabordables, le sel manque et on fait le pain avec l'eau de mer... »


Pour comprendre la famine dans les régions chrétiennes, un document rédigé par un père jésuite, le 13 novembre 1916, explique que les lois ottomanes de 1915 autorisant les gouverneurs ottomans à déporter en masse les populations ont poussé les chrétiens de Beyrouth à garder leur argent plutôt que de faire des provisions intransportables.
« Ceux qui n'ont pas de ressources ni de fortune ni de provisions sont condamnés à mourir de faim. Entre 40 000 (au minimum) et 60 000 personnes sont déjà mortes de faim au début de l'été 1916. »
« Les districts qui ont le plus souffert sont le Keserwan, le Metn et Batroun, où certains villages se vident littéralement. L'absence de médicaments, de médecins et de pharmaciens, tous réquisitionnés pour l'armée turque, est totale. Des épidémies de choléra, variole et typhus viennent s'ajouter aux malheurs de la population. »


Beyrouth-mouroir
« Beyrouth est transformée en mouroir, et seuls quelques secours aux affamés sont organisés par les Américains. Mais les Turcs les en empêchèrent très rapidement, de peur que la population ne s'attache aux Occidentaux », souligne un diaire.


Le 26 octobre 1916, une nouvelle loi ordonne l'appel général au service militaire, même pour ceux qui avaient payé le « bédél askariyé ». La Sublime Porte dénonce officiellement le traité de Berlin de 1878 et les accords qui garantissaient l'autonomie du Liban. C'est ainsi que les sujets en âge de servir vont être enrégimentés par la force contre les Alliés.
Dans un extrait de lettre du père Cattin s.j. datant du 18 septembre 1916, on peut lire : « On souffre de la cherté des vivres et du manque d'argent. L'abbé Mezarey, secrétaire de Monseigneur Doumani, a été pendu. »


M. Sarloutte, supérieur du collège lazariste de Antoura, dans une lettre datée du 7 septembre 1916, évoque la même tragédie : « La famine systématiquement organisée continue son œuvre. Le "rothol" de farine est vendu par les Turcs 12 francs, et si l'on s'avise de venir en acheter, le lendemain les Turcs, flairant de l'argent, en exigent 30 francs... Le collège est occupé par des officiers turcs, on y a installé 300 petits Arméniens dont les Turcs ont massacré les parents, et qui sont devenus turcs par la force. »


Les « espoirs » de Georges Picot
La guerre mondiale se terminera certes par la défaite des Allemands et de leurs alliés ottomans. Le Liban sera libéré et sera placé sous mandat français. On peut le deviner déjà en lisant l'extrait d'une lettre envoyée le 3 septembre 1915 par François Georges Picot, depuis l'ambassade de France à Londres. Dans cette lettre adressée au provincial des jésuites à Beyrouth, le célèbre signataire pour la France de l'accord Sykes-Picot avec la Grande-Bretagne (accord divisant les restes de l'Empire ottoman entre les puissances occidentales) écrivait :
« J'exprime mon espoir de voir bientôt la Turquie vaincue, et notre rentrée possible à Beyrouth, et, comme vous l'avez vu dans les journaux, notre drapeau flotte depuis trois jours sur l'île de Rouad, coin de terre syrienne au nord de Tripoli, affirmant l'avenir qui se prépare, cela calmera je l'espère l'intrigue des Libanais... »


Lettres, diaires, inventaires, notes personnelles : plusieurs milliers de documents poussiéreux et jaunis du siècle dernier témoignent de ces quatre années de guerre que les Libanais connaissent mal. Les témoignages écrits par des prêtres jésuites permettront de faire connaître et de transmettre aux générations futures le souvenir de ces années héroïques. Solidaires des Libanais durant ces années tragiques, les jésuites du Liban ont honoré de manière exemplaire leur devise : « Aimer et servir. » Espérons que ces récits parfois très pénibles sensibiliseront les lecteurs d'aujourd'hui aux souffrances des populations déplacées que le Liban accueille en ce moment, et les pousseront à faire preuve de générosité et d'altruisme, en souvenir du temps où eux-mêmes étaient affamés et dans le besoin.

(*) Dans le souci de conserver l'authenticité des documents, la syntaxe et l'orthographe des lettres et diaires n'ont été corrigés que très légèrement.

Pour mémoire

Jadis, au cœur d'un triangle d'or, il y avait... Choueir

Les Abillama face à leur histoire et à celle du Liban...


Envoyé de mon Ipad 

lundi 17 mars 2014

Syrie: les tombes de l'antique Palmyre, proie des pilleurs - Le Nouvel Observateur

Syrie: les tombes de l'antique Palmyre, proie des pilleurs

Une partie de l'ancienne oasis de Palmyre, à 215 km au nord-est de Damas, désertée par les touristes, le 14 mars 2014  (c) Afp

Palmyre (Syrie) (AFP) - Le plus beau site de Syrie, l'antique Palmyre, porte des stigmates de récents combats mais ce sont surtout ses magnifiques tombes qui ont été la proie des pilleurs.

Située à 210 km au nord-est de Damas, la "perle du désert", inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, conserve toute sa beauté bien que le temple de Baal ait subi quelques flétrissures en raison des échanges d'artillerie entre l'armée et les rebelles.

"Les groupes armés se sont installés en février 2013 dans l'immense palmeraie au sud de Palmyre et ont occupé le site jusqu'à ce l'armée les en chasse en septembre de la même année", explique à l'AFP Mohammad al-Assad, 44 ans, fonctionnaire au service des Antiquités.

"A partir des vergers où ils se trouvaient, ils tiraient sur la ville et certains obus ont endommagé par endroits le temple situé au milieu", ajoute-t-il.

Le mur oriental du temple hellénistique de Baal, l'édifice le plus imposant de la cité, est marqué par plusieurs tâches blanchâtres, là où la pierre a été griffée par des éclats d'obus. Un tir de mortier a endommagé l'une des ouvertures, ainsi que le linteau reposant sur huit colonnes à fûts cannelés.

Le mur d'enceinte a souffert en plusieurs endroits. Trois piliers de la colonnade au sud du temple ont été démembrés, leurs chapiteaux corinthiens gisant à terre. Mais les autres monuments n'ont pas été touchés par les combats.

- 'Découpées à la tronçonneuse' -

D'après M. Assad, des rebelles ont mis à sac la maison des missions archéologiques jouxtant le temple, mais le plus grave a été le pillage des merveilleuses tombes.

A l'ouest de la cité, dans la Vallée des tombes, la nécropole s'étend sur un kilomètre. C'est là que les riches Palmyréniens avaient construit une série de monuments funéraires somptueusement décorés.

Au Musée de Palmyre, le directeur Khalil al-Hariri montre trois stèles calcaires et des parties de sarcophages sculptées en haut-relief de personnages et d'enfants. "Elles avaient été découpées à la tronçonneuse. Nous les avons récupérées il y a deux jours, dans le sous-sol d'une maison", explique-t-il.

Combien de tombes ont été pillées? Il n'en sait rien. "Il y a environ 500 tombes, dont seulement 200 ont été fouillées par les archéologues. C'est dans celles qui ne l'étaient pas que les pilleurs ont fait leur sale besogne", dit-il.

Son seul point de repère, c'est le butin retrouvé. "Depuis que l'armée a repris le contrôle de la région, j'ai récupéré 130 pièces, mais je suis incapable de dire à combien de tombes elles appartenaient car les voleurs ont pris soin de les refermer".

Outre les sarcophages, il y a des bustes de défunts en costume gréco-romain et des décorations murales de style palmyrénien.

Dans le discours officiel, ce sont les "hommes armés" ou "les terroristes" qui ont voulu délester le pays "en vendant à vil prix notre culture et nos racines".

En réalité, et M. Hariri le reconnaît à demi-mot, certains habitants ont profité du désordre pour mettre la main sur des pièces, d'autant qu'ils en connaissent la valeur.

- 'Subitement plus rien' -

"La police les a retrouvées ici, dans les maisons, les vergers ainsi que dans le reste du pays. Quinze ont même été découvertes à l'aéroport de Beyrouth, prêtes à s'envoler vers l'étranger", selon lui.

L'ONU a pressé les belligérants de protéger "le riche patrimoine culturel mis en lambeaux" par trois ans de guerre. Devant "le pillage systématique" des sites archéologiques, elle a recommandé aux professionnels du commerce de l'art et aux douanes "de se méfier des objets d'art syriens susceptibles d'avoir été volés".

Fayçal al-Cherif, chef de la municipalité, n'a plus vu un touriste depuis septembre 2011, soit six mois après le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad.

"Il y en avait 250.000 par an, puis subitement plus rien. Sur les 85.000 habitants, 5.000 travaillaient dans l'hôtellerie, la restauration, possédaient des magasins, organisaient des balades dans le désert sous la tente, servaient de chauffeur ou de guide", déplore cet homme de 57 ans.

Les 16 établissements de la ville ont tous fermé. Quant au Zénobia, l'hôtel de légende construit dans les années 1920 par une aventurière française et situé dans le site archéologique, il a été pillé et à moitié brûlé.

"J'espère que la tourmente se terminera et que les touristes reviendront bientôt", soupire-t-il.



Envoyé de mon Ipad 

vendredi 14 mars 2014

La destruction du patrimoine culturel préchrétien, chrétien et islamique de la Syrie dépouille les gens d’un puissant héritage, alimente la haine et hypothèque toute tentative de réconciliation

123/32014-La destruction du patrimoine culturel préchrétien, chrétien et islamique de la Syrie dépouille les gens d'un puissant héritage, alimente la haine et hypothèque toute tentative de réconciliation


LA DESTRUCTION DU PATRIMOINE CULTUREL PRÉCHRÉTIEN, CHRÉTIEN ET ISLAMIQUE DE LA SYRIE DÉPOUILLE LES GENS D'UN PUISSANT HÉRITAGE,

ALIMENTE LA HAINE ET HYPOTHÈQUE TOUTE TENTATIVE DE RÉCONCILIATION


On trouvera ci-après la déclaration intitulée « Halte à la destruction du patrimoine culturel syrien » qu'ont publiée le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Mme Irina Bokova, et le Représentant spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue des États arabes pour la Syrie, M. Lakhdar Brahimi:


Tandis que le peuple syrien continue de subir des souffrances et des pertes incalculables, le riche patrimoine culturel du pays est mis en lambeaux.


Les sites du patrimoine mondial ont été gravement, parfois irrémédiablement, endommagés.  Quatre sont utilisés à des fins militaires ou ont été transformés en champs de bataille: Palmyre, le Crac des Chevaliers, l'église de Saint Siméon dans les villages antiques du nord de la Syrie, et la ville d'Alep (dont la citadelle).


Les sites archéologiques font l'objet d'un pillage systématique et le trafic de biens culturels a atteint des proportions sans précédent.


Selon certaines informations alarmantes, le patrimoine syrien est délibérément pris pour cible pour des raisons idéologiques.  Les œuvres d'art représentant des êtres humains sont détruites par des groupes extrémistes déterminés à faire disparaître ces traces uniques de la riche diversité culturelle de la Syrie.


Pas une seule strate de la culture syrienne —préchrétienne, chrétienne, islamique— n'est épargnée.


La destruction d'un patrimoine aussi précieux porte gravement atteinte à l'identité et à l'histoire du peuple syrien et de l'humanité toute entière et sape pour longtemps les fondements de la société.  La protection du patrimoine culturel, matériel comme immatériel, est indissociable de la protection des vies humaines et devrait faire partie intégrante de l'action humanitaire et des efforts de consolidation de la paix.


Aussi lançons-nous ensemble l'appel suivant:


Nous appelons toutes les parties à mettre immédiatement fin à la destruction du patrimoine syrien et à préserver la riche mosaïque sociale de la Syrie et son patrimoine culturel en protégeant les sites du patrimoine mondial qui s'y trouvent, conformément à la résolution 2139 (2014) adoptée le 22 février 2014 par le Conseil de sécurité.


Nous condamnons l'utilisation des sites culturels à des fins militaires et appelons toutes les parties au conflit à respecter les obligations mises à leur charge par le droit international, en particulier la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé signée à La Haye en 1954 ainsi que le droit international humanitaire coutumier.


Nous appelons tous les pays et tous les groupements professionnels intervenant dans les domaines des douanes, du commerce et du marché de l'art, mais aussi les particuliers et les touristes, à se méfier des objets d'art syriens, qui sont susceptibles d'avoir été volés, à vérifier l'origine des biens culturels qui pourraient avoir été importés, exportés ou offerts à la vente illégalement, et à adhérer à la Convention de l'UNESCO concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels signée en 1970.


Il faut que la sauvegarde du patrimoine culturel de la Syrie s'inscrive dans l'action que nous menons pour mettre fin à la violence et avancer vers la paix. La destruction des vestiges du passé dépouille les générations futures d'un puissant héritage, accroît la haine et le désespoir et hypothèque toute tentative de réconciliation.  Il est temps de mettre un coup d'arrêt à ces destructions, de construire la paix et de protéger notre patrimoine commun.


*   ***   *



Envoyé de mon Ipad 

mardi 4 mars 2014

دير مار مارون العاصي.. "زريبة" للمواشي!!!

دير مار مارون العاصي.. "زريبة" للمواشي!!!

من يقرأ تاريخ الموارنة يعرف أنّ صلة الوصل بين طريق النضال الطويل التي بدأها القدّيس مار مارون في سوريا وبين اعتناق سكّان جبال لبنان المذهب الماروني، كانت ذلك الدير المعلّق في الصخر على ضفاف نهر العاصي في الهرمل، والذي بناه أتباع مار مارون وتلامذته.

تُركّز الذاكرة الجماعيّة المارونية على الأماكن التي تنسَّكَ فيها مار مارون، ومحطّات النضال في لبنان، فيذكرون دائماً وادي قنّوبين (وادي القدّيسين) وكفرحي المقرّ الأوّل للبطريركية السريانية المارونية التي أسَّسها البطريرك الأوّل للموارنة مار يوحنا مارون «أبّ القوميّة اللبنانية»، كذلك يذكرون بكركي التي وقفت في وجه السلطنة العثمانية وانتزعت «لبنان الكبير» وواجهت الاحتلال السوري، فيما ينسون دير مار مارون على نهر العاصي الذي تحوّل بفضل إهمال القيّمين عليه، إلى «زريبة للماعز والغنم»، بعدما كان ممرّاً لانتشار الموارنة في جبال لبنان، ولبنان بأكمله.

تاريخ شعب

في ظلّ الاضطهاد البيزنطي للمذهب السرياني في سوريا ولأتباع القدّيس مارون خصوصاً، لجأ عدد من أتباعه الى محيط نهر العاصي وبنوا ديراً على إسمه، وبعدما نشروا الدين في الهرمل ومحيطه، اختار الراهب السرياني العجوز من أتباع مارون، إبراهيم القورشي، ترك الدير والانتقال الى منطقة العاقورة، فأقنع الوثنيّين في العاقورة وجبال الشمال من إهدن الى بشرّي وتنّورين والمناطق الجبلية بالمذهب السرياني الجديد، ليَتبعه عدد من رهبان دير العاصي ويكملوا البشارة، فأصبح المذهب الماروني هو الغالب على المنطقة الجبلية بدءاً من عام 453 م، ما ينافي مقولة أنّ أصل موارنة لبنان من سوريا، مع العِلم أنّ مجموعات مارونية نزحت من سوريا بعد الاضطهاد، لكنّ الأغلبية المارونية في لبنان هي من أصل جبلي.

واقع الدير

«ما أبعد اليوم من الأمس»، فهذا الدير الذي نشر المذهب الماروني في لبنان، ومنه بنى الموارنة البلد النموذجي في الشرق، يقتله الإهمال، من دون معرفة المسؤول أو تحديد المسؤولية، في وقت تدفع الرهبانية المارونية والرابطة المارونية وبكركي الأموال الطائلة لاسترجاع أراضٍ باعها تجّار مسيحيّون طمعاً بالمال، أو لإقامة مشاريع عمرانية أو تحسين مؤسّسات تابعة لهم، فعلى الرغم من أهمّية هذه المشاريع، إلّا أنّ أصحابها يضربون عرض الحائط تاريخ الموارنة وأبرز تحفة حفرَها الرهبان في أحلك الظروف.

واقع الدير مزرٍ، طريقه وعرة وصعبة، فالزفت لا يكاد يغطّي حجم سيارة صغيرة. لا يافطة أو لوحة تشير إلى موقعه، وكلّ من يريد الاستدلال إلى مدخله عليه اتّباع قساطل المياه على أوّل الطريق، ولحظة الوصول إليه يسيطر عليك العجب والذهول.

العجب من مدى الاستخفاف بالتحف التاريخية الدينية، والذهول من طريقة عمل الرهبان، وكيف نحتوا الصخور وبنوا ديراً لا تستطيع الماكينات الحديثة بناءَه حاليّاً. وقد وُضعت صخرة لقطع الطريق على بعد نحو 30 متراً من الدير، لكي لا يصل أحد إليه، لأنّ القيِّمين عليه لا يريدون أن تزيد عمليات التخريب، وبالقرب من الصخرة لوحة كُتب عليها بالسريانية والعربية كلمات تعبّر عن أهمّية الموقع.

التسلّق... للوصول

تتسلّق الصخور التي ترتفع نحو 10 أمتار عن الأرض للوصول الى مدخله الخلفي، الذي هو عبارة عن حجارة كبيرة عُقِدت على بعضها، فتدخل وترى الغُرف التي حُفرت داخل الصخور، إذ يبلغ طول الغرفة الأولى نحو 7 أمتار وعرضها نحو 3 أمتار، وقد كتبت على جدرانها شعارات مسيئة وأسماء أشخاص، بينما طُليت جدرانها بالأسود بسبب دخان حطب التدفئة، أمّا أرضه فهي منحدرة. ومن الغرفة الأولى تدخل الى الغرفة الخلفية التي هي أصغر مساحةً، وكلّ ذلك في «العتمة»، لأنّ المكان يفتقد للإنارة.

وبالقرب من الغرفتين، تلّة تراب في البهو المقابل، ووراءَهما حفرة مغطّاة هي «دهليز» حفرَه الرهبان للوصول إلى منبع العاصي لتأمين المياه في فترة الحصار. أمّا المدخل الأمامي فيرتفع عن الأرض نحو مترين، وشُيّد بصخور ضخمة، ويتميّز بغرفِه الصغيرة التي تعرّضت للأذى والتشويه.

يستعمل رعاة الماعز والغنم هذا الموقع الأثري التاريخي المقدّس ليحتموا من المطر في أيام الشتاء، فيما تحتاج القطعان إلى مكان بارد نسبيّاً تستريح فيه هرَباً من الحرارة المرتفعة في فصل الصيف، وبالتالي وقع خيارهم على المغارة الباردة صيفاً لأنّها في قلب الصخر ولا تصلها الشمس، فبات أهمّ معلَم مارونيّ إستراحةً للقطعان، من دون أن تبادر أيٌّ من المؤسّسات المارونية لإنقاذه، على رغم الوعود القديمة التي أُغدِقت.

المطرانية

يخضع هذا الدير لسلطة مطرانية دير الأحمر وبعلبك للموارنة التي يرأسها حاليّاً المطران سمعان عطالله، ما يعني أنّه من مسؤولية بكركي. وعند سؤال المطران عن هذا الإهمال غير المبرّر، يَصفن قليلاً ثمّ يجيب: «مزبوط في إهمال»، ويقول لـ»الجمهوريّة»: «هناك قصص وتنازع على ملكيّة الدير، ولا شيء نهائيّاً.

في البداية كان للرهبان، ثمّ انتقل لآل دندش وبعده لآل الأشقر، واستملكته الدولة التي طالبناها باسترجاعه، لكنّها أعطتنا حقّ استثمار واستملاك لسنة يجب تجديدها دائماً، ما يعني أنّنا لا نستطيع بناء مشروع كبير في غياب أيّ شيء ثابت. لكنّنا شهدنا حلحلة أخيراً وبدأنا الإعداد مع المهندسين لإعادة صيانة الدير وترميمه، إلّا أنّ المصاعب التي تواجهنا كثيرة، وتحاول بكركي مساعدتنا».

ويلفت عطالله إلى أنّ «وضع المسيحيّين صعبٌ جدّاً في الهرمل وعددُهم إلى تناقص حادّ، بعدما كانت المنطقة مُنطلقاً للموارنة من العاصي، لكنّنا بنينا كنيسة في وادي الرطل في جرود الهرمل ونقيم قدّاساً فيها كلّ أسبوعين، حتى يتمسّك الأهالي بأرضهم، ولكي نساعدهم على الصمود».

مسؤولية مشتركة

لا يمكن تحميل المطران عطالله وحدَه مسؤولية حال الخراب التي وصل إليها دير العاصي، لأنّ النخر في بنيته بدأ منذ أعوام عدّة، فالكنيسة المارونية تتحمّل مجتمِعةً مسؤولية إهمال ذاكرة الموارنة وتشويه معالمها، إذ لا يكفي أن تبني كنائس تدفع عليها ملايين الدولارات في مناطق معيّنة، وفي المقابل لا تهتمّ بأديرةٍ تاريخية.

فمن الناحية الاقتصادية ترتكز السياحة الدينية على الأديرة الأثرية لا على الكنائس الحديثة، ومهما صرفت الملايين على البناء الحديث، فلن يكون للموارنة تحفة بحجم دير مار مارون على العاصي. كذلك، فإنّ الأخطر هو ضرب الوجود المسيحي في الهرمل والبقاع، واقتناع الكنيسة المارونية بذلك، بحجّة أنّها منطقة بعيدة، فهذا المنطق ينهي التمدّد الماروني، في وقت عمل البطريرك مار يوحنا مارون على توسيع القومية المارونية، ومدَّ البطريرك الياس الحويك حدود لبنان الكبير إلى حيث يوجد موارنة، فضمّ قرى الشريط الحدودي وعكّار والبقاع.

ما يحتاجه دير العاصي هو وضع خطّة إنقاذية سريعة، وبذلُ كلّ المستطاع لإعادة صورته الطبيعية، وهذه المهمّة أسهل بكثير من مهمّة مَن بناه بإيمان.

فالأموال في البطريركية المارونية متوافرة بكثرة حاليّاً، لكنّها تحتاج إلى القرار والإيمان اللذين كانا موجودين لحظة بنائه... فالحفاظ على الإرث المارونيّ حفاظٌ على لبنان بكامله، والموارنة يرفضون المَسّ بأيّ معلَم دينيّ أثريّ لأيّ من الطوائف، فكيف هي الحال بالنسبة إلى معالمهم الخاصة، لا سيّما وأنّ الإهمال صادر عن القيّمين على هذه المعالم؟!


Envoyé de mon Ipad