mardi 21 novembre 2017

INDÉPENDANCE – Le 22 novembre, c’est la fête nationale au Liban !

Par Rédaction LPJ Beyrouth | Publié le 21/11/2017 à 15:51 | Mis à jour le 21/11/2017 à 17:46
Photo : Proclamation du « Grand Liban » par le General Gouraud le 1 septembre 1920
Proclamation du « Grand Liban » par le General Gouraud le 1 septembre 1920
Le 22 novembre 1943, la France libre finit par céder à Béchara el-Khoury et Riad Solh et accorde au pays du Cèdre son indépendance, célébrée tous les ans depuis cette date. La cérémonie prévue cette année aura une signification particulière avec l'élection d'un président qui a mis fin à deux ans de vide à la tête de l'Etat.

Après la disparition de l'Empire ottoman à l'issue de la Première guerre mondiale, la France, qui a négocié avec la Grande-Bretagne en 1916 le partage du Proche-Orient dans le cadre des accords Sykes-Picot, obtient quatre ans plus tard un mandat de la Société des Nations sur les régions syriennes du Levant, divisées en cinq entités administratives.

L'une d'elles va former l'Etat du Grand Liban, proclamé le 1er septembre 1920 par le général Henri Gouraud, représentant l'autorité française mandataire sur la Syrie, à la Résidence des Pins à Beyrouth. Ses frontières géographiques sont celles du Liban actuel.
Photo : Accords Sykes-Picot (source wikipédia)

Photo : Accords Sykes-Picot (source wikipédia)


Le 23 mai 1926, le haut-commissaire Henry de Jouvenel, successeur de M. Gouraud, promulgue une constitution qui crée les postes de président et de chef du gouvernement. L'état du Grand-Liban devient officiellement une République et prend le nom de République libanaise.
Dans les années 1930, un mouvement politique appelant à la fin du mandat français s'organise autour de deux personnalités, le maronite Béchara el-Khoury et le sunnite Riad Solh. Un bras de fer s'installe alors.
En 1940-1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, le Levant est sous l'autorité du régime de Vichy. Lors de la campagne de Syrie, il est envahi par les forces de l'Empire britannique et de la France libre qui entrent à Beyrouth le 15 juillet 1941. Le Liban passe alors, comme la Syrie, sous le contrôle de la France libre, celle-ci ayant promis l'indépendance aux deux pays. Le général Georges Catroux exerce l'autorité sur le Levant en tant que représentant personnel du général de Gaulle.
Le 21 septembre 1943, Béchara el-Khoury est élu Président de la République par la chambre des députés. Riad Solh prend de son côté la tête du gouvernement et annonce son intention de supprimer tous les articles de la Constitution relatifs au mandat français. Le Parlement vote la suppression de ces articles le 8 novembre. Le comité français de libération nationale basé à Alger dénie aux autorités libanaises le droit de modifier la constitution.
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Photo : Georges Catroux, Bechara El Khoury,  Riad as-Solh (Source Wikipédia)


Le 11 novembre, le représentant français Jean Helleu fait emprisonner le gouvernement. Béchara el-Khoury, Riad Solh et d'autres personnalités sont incarcérés à la citadelle de Rachaya, dans la Békaa. Le lendemain, des véhicules français sont attaqués et incendiés lors d'une grève de protestation à Beyrouth.
Dans la nuit du 21 au 22 novembre, la radio d'Alger annonce que le gouvernement provisoire de la République française a résolu de libérer M. Khoury et de le rétablir dans ses fonctions. Le 22 novembre, retour triomphal à Beyrouth de M. Khoury, M. Solh et ses compagnons. La France libre se résout à accorder l'indépendance au pays. Des scènes de liesse se déroulent les jours suivants dans Beyrouth. La souveraineté du Liban sera officiellement reconnue le 3 janvier 1944, mettant ainsi un terme au mandat français.







https://lepetitjournal.com/beyrouth/independance-le-22-novembre-cest-la-fete-nationale-au-liban-66562


vendredi 10 novembre 2017

PATRIMOINE -La voie romaine de la cité de Tyr n’est pas une rue... mais une salle basilicale

La voie romaine est en réalité une salle basilicale, qui avait les fonctions d'un frigidarium et d'un centre de sociabilité.

 

Le ministère du Tourisme a intérêt à mettre à jour ses brochures et intégrer les nouvelles données historiques sur la cité de Tyr.

May MAKAREM | OLJ10/11/2017

 

Sur le site d'al-Madina, où s'étendent les ruines de la cité antique de Sour, la mission franco-libanaise creuse le sol depuis 2008. Les résultats accumulés complètent (ou presque) l'image de la zone des thermes antiques et font surgir les ruines d'une mosquée fatimide et d'un martyrium.

 

Les récentes découvertes dans la zone des bains ont mené à une compréhension nouvelle de son architecture. Ainsi la voie romaine à colonnade double, considérée comme une rue à portiques par l'émir Maurice Chéhab, est en réalité « une salle couverte à trois nefs, datant de l'époque byzantine », affirme le spécialiste du Moyen-Orient antique Pierre-Louis Gatier, qui pilote la mission. « Elle était revêtue de mosaïque et de dalles de marbre. Or on ne fait pas rouler des chars sur un tel dallage. D'autre part, aucune trace de trottoirs, ou de dispositifs d'évacuation des eaux de pluie n'ont été trouvés. La grande rue est en fait une salle couverte de 190 mètres de long. Dans son état actuel, elle date de la fin du IVe siècle et appartient au vaste complexe des bains protobyzantins. Elle faisait la jonction entre la partie sud des bains proprement dits et les palestres où l'on pratiquait la lutte, la gymnastique et d'autres exercices, et la partie nord des bains, où notre mission a mis au jour une piscine en plein air, des latrines et une série d'aménagements », souligne l'expert. Il ajoute que la salle avait les fonctions d'un frigidarium et d'un centre de sociabilité. C'était aussi un hall d'exposition de sculptures romaines.


(Pour mémoire : Un sanctuaire hellénistique découvert à Tyr, une première)


Selon M. Gatier, à cette époque byzantine, les Tyriens, se méfiant des chrétiens qui pourraient vouloir casser les bustes des empereurs et les statues des divinités qui décoraient la cité, les avaient rassemblés dans la salle pour les conserver en témoignage du glorieux passé de la ville. Ces mêmes statues ont été transportées au musée national par Maurice Chéhab.

 

Les excavations menées au pied de la piscine ont fait surgir les fondations et quelques murs en élévation d'un monument public, identifié comme un temple datant de l'ère phénicienne. De même, les archéologues ont retrouvé les soubassements du rempart phénicien, signalé autrefois par Maurice Chéhab.

 

Au nord des bains toujours, les opérations de fouilles ont permis d'exhumer trois quartiers d'habitations romaines et byzantines, offrant deux plans de maisons différents. Dans l'un des secteurs, elles sont construites assez serrées les unes contre les autres, et donnent directement accès sur de petites rues. Alors que dans les autres secteurs, apparemment plus luxueux, elles sont dotées d'une cour d'entrée qui les sépare de la rue.

 

Lieux « perturbés »

Les experts ont également dégagé un sanctuaire byzantin de type martyrium, c'est-à-dire à plan centré octogonal. M. Gatier fait observer que le bâtiment, bordé par quatre rues, a été « extrêmement abîmé » par les installations artisanales des Arabes et des Francs qui ont occupé tout le quartier. « Ils ont réutilisé les citernes des bains et en ont creusé d'autres un peu partout, perturbant de ce fait les lieux. » L'archéologue signale que c'est là, il y a quelques années, que ses collègues anglo-américains ont trouvé des ateliers de verriers datant du Moyen Âge.

 

La dernière découverte n'est pas des moindres : sous la cathédrale construite par les Francs, sont apparues « les traces du plan général d'une mosquée fatimide. « Le bâtiment des ablutions est toutefois très bien préservé, ainsi que les éléments décoratifs d'un portail, du même style que ceux des mosquées fatimides du Caire. »

 

Une chose est sûre, Tyr n'a pas fini de révéler ses secrets. Les fouilles interrompues pour l'hiver reprendront l'été prochain. En attendant, le ministère du Tourisme a intérêt à mettre à jour ses brochures et intégrer les nouvelles données historiques sur la cité de Tyr.