mercredi 29 avril 2015

Syrie-Liban : les relations depuis 1976 - L'Orient-Le Jour

Syrie-Liban : les relations depuis 1976 - L'Orient-Le Jour

Syrie-Liban : les relations depuis 1976

Rappel des grandes dates qui ont marqué, depuis une quarantaine d'années, les relations entre la Syrie et le Liban.

- 6 juin 1976 : Les troupes syriennes entrent au Liban après le début de la guerre civile (1975), à l'appel des formations chrétiennes en mauvaise posture face aux forces "palestino-progressistes".

- Juillet 1978 : Pilonnage des quartiers chrétiens de Beyrouth par l'armée syrienne après un changement d'alliance, Damas s'étant rapproché des forces "palestino-progressistes".

Premier barrage de l'armée syrienne à Sofar, sur la route menant vers la Békaa. Photo Georges Semerdjian

- Juin 1982 : Invasion israélienne du Liban. Début septembre, l'armée syrienne quitte la montagne du Chouf (sud-est) et Beyrouth, en même temps que les Palestiniens, et se replie dans la Békaa (est) et le Nord.

- Août-sept 1982 : L'armée syrienne est chassée de Beyrouth par l'armée israélienne et se replie dans la Békaa.

- Février 1987 : A la faveur de combats entre forces de gauche et pro-syriennes, 8 000 soldats syriens sont déployés pour pacifier Beyrouth-ouest.

- 22 octobre 1989 : Accords interlibanais de Taëf (Arabie saoudite), qui établit un nouvel équilibre entre les communautés et définit le cadre de la présence syrienne.

Photo Sami Ayad.

- 22 mai 1991 : Traité syro-libanais "de fraternité et de coopération" qui officialise le rôle prépondérant de la Syrie.

- 15 oct 1998 : Le général pro-syrien Emile Lahoud élu président de la République.

- 16 avr 2001 : Raid israélien contre une position syrienne après une attaque du Hezbollah. Le gros des forces syriennes se retire de Beyrouth.

- 2 sept 2004 : A l'initiative de Paris et Washington, résolution 1559 de l'Onu appelant au retrait des forces étrangères du Liban. Le 3 septembre, un amendement constitutionnel prolonge de trois ans le mandat du président Lahoud. En octobre, le Premier ministre Rafic Hariri, opposé à l'ingérence syrienne, démissionne.

- 14 février 2005 : Rafic Hariri est tué dans un attentat à Beyrouth. L'opposition accuse les pouvoirs libanais et syrien et exige le retrait des troupes syriennes. Damas nie toute implication. De nombreuses personnalités politiques, principalement antisyriennes, seront visées par des attentats.

Photo AFP

- 26 avril : Les derniers soldats syriens quittent le Liban après 29 ans de présence, sous la pression de la colère populaire, de l'opposition et de la communauté internationale. Les effectifs syriens avaient culminé à entre 35 000 à 40 000 hommes.

Photo AFP

- 7 mai 2008 : Début de violences entre partisans du Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, et pro-gouvernementaux, appuyé par Riyad et Washington. Près de 100 morts en une semaine.



Reuters

- 25 mai 2008 : Le chef de l'armée Michel Sleiman est élu à la présidence après un accord sur une sortie de crise.

Photo Dalati et Nohra



- 15 octobre 2008 : La Syrie et le Liban établissent des relations diplomatiques pour la première fois depuis la proclamation de leur indépendance, dans les années 1940. Prise de fonctions des ambassadeurs en 2009.

- 15 mars 2011 : Début du conflit en Syrie, qui va évoluer en une guerre dévastatrice (220 000 morts et près de 11 millions de réfugiés et déplacés) et complexe.

Le Liban, où plus de 1,1 million de Syriens ont trouvé refuge, est, depuis, divisé entre partisans du régime syrien, emmenés par le Hezbollah qui combat les rebelles aux côtés du régime, et les sympathisants de l'opposition à Bachar el-Assad, menés par l'ex-Premier ministre sunnite Saad Hariri.

A Ersal, dans la Békaa. Photo AFP

Le pays est sans président depuis la fin du mandat de Michel Sleiman en mai 2014 et le Parlement est prolongé jusqu'en 2017 en raison des antagonismes suscités par la guerre en Syrie qui empêchent tout consensus.

20 avril 2015 : L'ancien ministre libanais, Michel Samaha, reconnaît lors de son procès avoir ramené de Syrie des explosifs destinés à être utilisés pour des attentats au Liban. M. Samaha, qui a été également conseiller du président syrien Bachar el-Assad, est accusé d'avoir planifié, avec le chef des services de sécurité syriens Ali Mamlouk, des attentats au Liban et l'assassinat de personnalités politiques et religieuses libanaises hostiles à Damas.

Photo AFP

20 avril 2015 : Le président Bachar el-Assad affirme avoir "invité" dans son pays le Hezbollah, mais dément que des troupes iraniennes combattaient sur le sol syrien. Interrogé lors d'un entretien à la chaîne télévisée France 2 sur le soutien stratégique de l'Iran et du Hezbollah dans le conflit en Syrie en proie à une rébellion armée et à des jihadistes, M. Assad répond que "nul pays n'a le droit d'intervenir sans y être invité. Nous avons invité Hezbollah, mais pas les Iraniens.




Photo AFP

24 avril 2015 : La mort de l'ancien chef des services de renseignements syriens au Liban, Rustom Ghazalé, est annoncée par des sources proches de la famille. Un mois plus tôt, une source de sécurité haut placée à Damas annonce son limogeage et celle du chef du renseignement militaire, Rafic Chéhadé, après une violente querelle entre les deux hommes.

Photo AFP

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Envoyé de mon Ipad 

dimanche 19 avril 2015

Correspondances musicales entre Ravel, Debussy et quatre compositeurs libanais - Zeina SALEH KAYALI - L'Orient-Le Jour

Correspondances musicales entre Ravel, Debussy et quatre compositeurs libanais - Zeina SALEH KAYALI - L'Orient-Le Jour

http://www.lorientlejour.com/article/921126/correspondances-musicales-entre-ravel-debussy-et-quatre-compositeurs-libanais.html
18/4/2015-Correspondances musicales entre Ravel, Debussy et quatre compositeurs libanais

Il est toujours intéressant, quand on examine de près l'œuvre d'un compositeur, d'essayer de savoir quelles sont les musiques qui l'ont nourri, qu'a-t-il aimé écouter ou jouer pendant ses études musicales, qui sont les maîtres qui ont guidé ses pas dans son apprentissage ou dans sa recherche.
Toujours soucieux de faire connaître et de valoriser les musiques savantes libanaises, le Centre du patrimoine musical libanais (CPML-Espace Robert Matta) avait invité Nicolas Southon, éminent musicologue, spécialiste de la musique française du XXe siècle, à donner une conférence avec le pianiste Georges Daccache. Le thème portait sur l'influence et la correspondance entre les musiques françaises du début du XXe siècle (Maurice Ravel, Claude Debussy, Henri Duthilleux) et les musiques de quatre compositeurs libanais (Georges Baz, Toufic Succar, Gabriel Yared et Bechara el-Khoury). Le conférencier et le pianiste ont alterné, dans une belle synergie, explications et interprétations, redonnant à ces pièces musicales un souffle nouveau et en proposant au public conquis une lecture absolument inédite.
Cet événement s'est déroulé à la villa Mexico, merveilleuse bâtisse des années 1930 située en plein cœur du quartier d'Achrafieh, au style Art déco orientalisant, généreusement mise à la disposition du CPML par son actuel propriétaire Philippe Jabre.
À l'issue de la conférence, alors que le public dégustait une sélection de vins français et libanais (offerts par la famille Debbane), Georges Daccache accordait ses partitions en fonction des crus.



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Le centenaire de la Grande famine au Liban : pour ne jamais oublier - Rania Raad Tawk - L'Orient-Le Jour

Le centenaire de la Grande famine au Liban : pour ne jamais oublier - Rania Raad Tawk - L'Orient-Le Jour
Le centenaire de la Grande famine au Liban : pour ne jamais oublier

L'équipe de Tehkik, conduite par Claude Abou Nader Hindi, revisite dimanche soir à 18h50 l'horrible drame vécu au début du siècle dernier par la population du Mont-Liban, victime, entre 1915 et 1918, d'une famine qui a décimé plus du tiers de la population de la région à l'époque. Des chiffres qui peuvent à la limite qualifier ce drame de véritable génocide. Un génocide sans effusion de sang, certes, sans exode, sans bruit, mais dont le bilan a été ahurissant: 150000 à 200000 morts sur un total d'environ 400000 habitants.

Cette famine, méconnue de beaucoup de Libanais, a été en effet le résultat d'une convergence de quatre facteurs. Le littoral libanais était soumis à l'époque à un blocus maritime imposé par la flotte des forces alliées (notamment la flotte britannique) qui empêchait les navires d'arriver sur la côte libanaise. Il était donc impossible aux Ottomans, dans le camp de l'Allemagne durant la Première Guerre mondiale, de recevoir des armes ou des munitions...
À ce siège maritime s'était ajouté un autre blocus, terrestre cette fois, imposé par Jamal Pacha, le gouverneur ottoman, qui dominait le pays et contrôlait les principaux accès routiers. Ce sont surtout les maronites qui seront les principales victimes de cette « arme de la famine » : les soldats ottomans se montraient particulièrement intransigeants avec les chrétiens plus qu'avec les autres habitants du Mont-Liban.
Mais la responsabilité de cette Grande famine retombe aussi sur certains Libanais, profiteurs et usuriers, qui n'ont pas hésité à tirer profit de la situation pour s'enrichir, contribuant ainsi à l'aggravation de la crise.
Un quatrième événement a été la cerise sur le gâteau : l'invasion des criquets. Pendant une centaine de jours, une nuée de sauterelles a ainsi dévasté les terres agricoles, venant à bout de toutes les récoltes.

Le plus choquant à l'époque était l'attitude passive des forces allemandes et celles de l'Autriche-Hongrie, qui ont cruellement laissé faire, sur base du ne rien voir, ne rien entendre, la raison d'État germano-ottomane ayant la priorité sur toute autre considération. Parallèlement, l'Empire ottoman poussait à l'exode, pourchassait et assassinait à tour de bras les Arméniens, considérés auparavant comme des fidèles mais désormais accusés de traîtrise parce qu'ils avaient aidé, dans la région, les Russes...
Dans ce contexte, la communauté libanaise d'Égypte a contribué dans une large mesure à atténuer les effets de la famine en acheminant des aides par le biais de l'île de Rouad, face au littoral syrien, au nord de Tripoli. Cette aide était livrée au patriarcat maronite qui la distribuait à son tour à la population par l'intermédiaire des couvents et des ordres monastiques.

Mise à mort muette
Il n'empêche, un devoir de mémoire est indispensable et il faut reposer le problème, ne serait-ce que par respect pour tous ceux qui sont morts à cause de cette famine. On ne peut oublier certaines descriptions atroces, comme dans Al-Raghif, le livre de Toufic Youssef Aouad : « Il y avait là une femme étendue sur le dos, envahie de poux. Un nourrisson aux yeux énormes pendait à son sein nu (...). La tête de la femme était renversée et ses cheveux épars. De sa poitrine émergeait un sein griffé et meurtri que l'enfant pétrissait de ses petites mains et pressait de ses lèvres puis abandonnait en pleurant.»

Cette triste commémoration devrait avoir lieu chaque année, malgré le fait qu'elle soit reléguée dans un passé qu'on préfère ne pas réveiller. Le film des frères Rahbani, Safar Barlek, retrace aussi, sous forme d'une comédie musicale, cet épisode dramatique de l'occupation ottomane, mettant en exergue la solidarité syro-libanaise face à l'hégémonie de l'occupant.
Beaucoup de Libanais ont été poussés à quitter leur village et à aller mendier dans les villes; beaucoup de femmes ont été contraintes de se prostituer en contrepartie de nourriture. Un volet humiliant et douloureux pour cette population conservatrice qui a préféré oublier et ne pas transmettre ces détails aux générations futures.
Ce ne sont que les photos d'archives personnelles, comme celles puisées dans les archives de la Compagnie de Jésus au Liban et les (journal quotidien) de nombreux pères jésuites qui ont été exhumés par Christian Tawtel et Pierre Witouck s.j., qui peuvent dénoncer de la meilleure façon, mieux même que tous les témoignages poignants, cette mise à mort muette et obscure de la population chrétienne du Liban il y a cent ans.

Dans L'Orient Littéraire
Frères humains d'il y a 99 ans !



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