samedi 28 février 2015

Recours juridique pour récupérer les sarcophages phéniciens saisis par la Turquie ? - May MAKAREM - L'Orient-Le Jour

Recours juridique pour récupérer les sarcophages phéniciens saisis par la Turquie ? - May MAKAREM - L'Orient-Le Jour

http://www.lorientlejour.com/article/913296/recours-juridique-pour-recuperer-les-sarcophages-pheniciens-saisis-par-la-turquie-.html
28/22015-    Recours juridique pour récupérer les sarcophages phéniciens saisis par la Turquie ?

Des sarcophages phéniciens anthropoïdes avaient été saisis par l'Empire ottoman en 1868, à Saïda, sous le règne du sultan Abdulaziz. Un trésor national que la Turquie considère comme étant devenu avec le temps une « propriété turque », alors que le ministère des Affaires étrangères a entrepris des démarches pour récupérer les sarcophages.

La réponse turque a été transmise au ministre de la Culture, Rony Araiji. Ce dernier a confié le dossier à des spécialistes en droit international. « Nous re1étudions les différentes options que le Liban pourrait adopter pour obtenir gain de cause, soit avoir recours aux instances juridiques internationales, soit trouver un terrain d'entente avec l'autre partie », a déclaré le ministre à L'Orient-Le Jour.

On ne revient pas sur le passé !
À la question de savoir si l'Unesco peut intervenir pour aider à régler le litige, Joseph Kreidi, l'un des responsables du bureau régional de l'Unesco (Cultural National Project Officer) explique que l'organisation ne peut intercéder auprès des autorités turques que si les faits sont postérieurs à la convention de 1970, laquelle a établi les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert illicites des biens culturels ou encore qui prévoit des dispositions en matière de restitution et de coopération. Et que les États membres se sont engagés à respecter. Par contre, aucune mesure n'a été prise pour restituer des objets et les œuvres d'art pillées par les grandes puissances depuis le XIXe siècle à travers le monde. Ou avant l'entrée en vigueur de la convention précitée. « L'Unesco ne peut donc intervenir que pour faire pression ou jouer le rôle d'intermédiaire », a dit M. Kreidi.
En octobre dernier, lors d'une rencontre avec L'Orient-Le Jour, Élisabeth Fontan, ancien conservatrice en chef au département des Antiquités orientales du musée du Louvre, responsable pendant 40 ans des collections d'Assyrie, de Phénicie, de Palestine et de Jordanie, avait relevé que la formation des collections du Levant ne provenait pas exclusivement des fouilles illicites. « Celle de la Phénicie date principalement de la mission archéologique d'Ernest Renan. Elle a été ensuite enrichie par les explorations menées sous le mandat français lorsque des réglementations et des accords bilatéraux sur les Antiquités furent mis en place, établissant des modalités de partage entre le gouvernement français et le Liban », a observé Élisabeth Fontan. À la question de savoir si les collections pourraient un jour être retournées à leur pays d'origine, elle a été catégorique : « On ne revient pas sur le passé. Les objets sont sortis à la fois d'Irak, de Syrie et du Liban, en accord avec les lois de l'époque. On peut les regretter, mais il faut accepter que les choses se soient passées ainsi. Toutes les portes des églises romanes de France ont été vendues aux USA, lors de la Révolution française. Le service en porcelaine de Sèvres du roi Louis XVI se trouve aujourd'hui chez la reine d'Angleterre... C'est ainsi. » Rappelons que le musée du Louvre abrite le sarcophage de basalte noir du roi de Sidon Eshmounazar II, dégagé lors d'une fouille en 1855 ; le sarcophage anthropoïde de Sidon coiffé à l'égyptienne découvert à Aïn el-Héloué ; et un ensemble de statues et de reliefs tirés en 1887 d'un Mithréum. Pour ne citer que quelques-uns... sans oublier la statue en bronze d'Aphrodite.

Alexandre, Satrape et Lycien, les vedettes du musée d'Istanbul
Parmi les 18 sarcophages conservés au musée archéologique d'Istanbul, l'impressionnante œuvre funéraire d'Alexandre, découverte par l'archéologue turc Osman Hamdi bey. Entièrement sculpté dans du marbre, ce sarcophage qui pèse plus de 15 tonnes et date de la fin du IVe siècle avant J.-C. est considéré comme une des plus belles sépultures découvertes à Sidon. Le jeune conquérant macédonien y figure dans des scènes de chasse et de combat. C'est pour cette raison qu'il porte le nom de « sarcophage d'Alexandre ».
Daté du Ve siècle avant J.-C., le sarcophage du Satrape fait partie du groupe « le plus important des monuments phéniciens ». Découvert dans la nécropole de Aya (région de Sidon), il représente des scènes de la vie d'un potentat oriental.
Un autre sarcophage d'une beauté saisissante est celui que l'on désigne par « sarcophage du Lycien ». Il a été découvert dans la nécropole royale de Sidon. Le nom de « Lycien » fut attribué à ce sarcophage, car sa forme et les scènes qui y figurent rappellent les monuments funéraires de Lycie. Il subsiste des traces de polychromie sur les sculptures ; le marbre provient de Paros.
Il y a aussi le remarquable « sarcophage des pleureuses », des pleureuses « en forme d'un temple grec. » Il représente une cella qu'entoure un portique abritant 18 statuettes de trois pieds de haut, encadrées par des colonnes; chaque extrémité est ornée de trois de ces statuettes et chaque grand côté en compte six. Ces statuettes sont sculptées avec beaucoup de finesse et d'art. Elles représentent des femmes exprimant leur douleur de diverses manières.
La Turquie refuse toute politique de restitution. Pourtant elle avait obtenu des États-Unis le retour d'une statue d'Hercule du musée de Boston en arguant du patrimoine national, ainsi que d'autres vestiges d'Allemagne cette fois, offerts par l'un des sultans ottomans à un chancelier. À son tour, le Liban réclame son dû, ses trésors, son histoire...



Envoyé de mon Ipad 

vendredi 27 février 2015

Comment 18 sarcophages phéniciens pèsent sur les relations libano-turques... - Khalil FLEYHANE - L'Orient-Le Jour

Comment 18 sarcophages phéniciens pèsent sur les relations libano-turques... - Khalil FLEYHANE - L'Orient-Le Jour
Comment 18 sarcophages phéniciens pèsent sur les relations libano-turques...

À l'heure où le pillage des ruines syriennes par différentes parties au conflit provoque des remous sur le plan international, c'est au tour du Liban de commencer à réclamer le retour de son patrimoine.
Ainsi, il y a deux ans, le Liban avait réclamé à la Turquie la rétrocession de 18 sarcophages phéniciens actuellement exposés au musée d'Istanbul.
Le ministère des Affaires étrangères avait adressé la demande de rétrocession à l'ambassade de Turquie au Liban il y a près de deux ans, à travers une lettre fondée sur le droit du Liban à récupérer ces sarcophages en vertu du droit international relatif au patrimoine national.
Le palais Bustros avait été alerté sur la présence de sarcophage au musée d'Istanbul par un visiteur libanais du musée, qui en avait pris des clichés. À son retour à Beyrouth, ce dernier avait alors dressé un rapport complet au ministère.
Selon la réponse officielle d'Ankara à la demande libanaise, ces sarcophages avaient été saisis par l'Empire ottoman en 1868 à Saïda, c'est-à-dire sous le règne du sultan Abdulaziz, et transportés depuis de province en province. En d'autres termes, ils sont devenus, avec le temps, une propriété turque.
La réponse turque a été transmise au ministre de la Culture, Raymond Araiji, qui a aussitôt demandé d'adresser une nouvelle lettre à Ankara soulignant que les sarcophages font partie du patrimoine national libanais. Conformément à l'Unesco, aucun État ne peut, partant, les spolier, les voler ou prétendre les avoir saisis comme butin de guerre.
Le palais Bustros a donc de nouveau adressé une lettre par écrit dans ce sens aux autorités turques – remise par le ministre Gebran Bassil à l'ambassadeur Inan Ozyildiz avant son départ pour sa tournée latino-américaine –, réclamant le retour des sarcophages. Beyrouth a même mis en exergue sa disposition à envoyer une délégation en Turquie pour recouvrer les sarcophages et assurer leur transport au Liban aux frais du ministère.
Si Ankara refuse de restituer les sarcophages au Liban, Beyrouth menace d'avoir recours aux autorités internationales pour obtenir gain de cause, en déposant une plainte à La Haye. Le Liban considère en effet le refus des autorités turques de répondre positivement à sa demande comme un précédent négatif au niveau des relations entre les deux pays.
D'autant que la Turquie avait, elle-même, obtenu des États-Unis le retour d'une statue d'Hercule du musée de Boston en arguant du patrimoine national, ainsi que d'autres vestiges, d'Allemagne cette fois, offerts par l'un des sultans ottomans à un chancelier.



Envoyé de mon Ipad 

Statues détruites par Daech : une «tragédie» pour les scientifiques

Statues détruites par Daech : une «tragédie» pour les scientifiques

Statues détruites par Daech : une «tragédie» pour les scientifiques

Du musée des arts asiatiques de Paris, sa présidente Sophie Makariou fait part de son écœurement. Réagissant à un film de propagande de Daech montrant des statues antiques abattues à coups de massues, cette scientifique rappelle avec d'autres que «l'Islamisme c'est la mort de l'Islam».

Sophie Makariou, qui dirige le musée Guimet des Arts asiatiques à Paris, réagit avec d'autres conservateurs et archéologues à la destruction par des djihadistes d'une collection de sculptures antiques.

«Je suis atterrée, le mot est bien faible, de ce que je vois. Et pas étonnée», dit Sophie Makariou, qui a piloté au Louvre l'ouverture des nouvelles salles du Département des Arts de l'Islam et qui dirige aujourd'hui, à Paris, le musée Guimet des Arts asiatiques. «J'avais bien dit le 4 janvier 2012, lors de la conférence de presse à la réception du chantier architectural des Arts de l'Islam au Louvre, que 'l'Islamisme c'est la mort de l'Islam'. J'ai également prévenu que dans cette guerre, le patrimoine ne serait pas une victime collatérale mais une cible. Il l'était lorsque les islamistes - les talibans - ont détruits les bouddhas de Bamyan, lorsque les islamistes ont fait sauter le magnifique tombeau de Hassan al-Basri, un monument du XIIe siècle qui, ô crime, est un tombeau, à Samarra. Mais je n'ai pas entendu une mouche voler. Pas plus que je ne l'ai entendue lorsque des islamistes ont ravagé le musée d'art islamique du Caire en 2014. C'est la même chaîne de causalités.

Maintenant ils sont à l'œuvre au musée de Mossoul, l'antique Ninive au deuxième millénaire d'avant notre ère. Puis une capitale si importante de la Djézireh au XIe-XIIIe siècles de notre ère. Ils détruisent les grands taureaux androcéphales: c'est une tragédie, une tragédie. Soyons heureux que nos musées conservent des témoignages de ces civilisations disparues, au rang desquelles il faut compter le vieil Islam dont il ne reste rien.»

«Une catastrophe irréparable»

Avec Sophie Makariou, son époux Gabriel Martinez-Gros se déclare «atterré». Cet historien français, spécialiste du monde d'al-Andalus, professeur d'histoire médiévale du monde musulman à l'Université de Paris-X, croit, sur le film reconnaître le musée de Mossoul. Pour lui seraient réduites en miettes la face anthropomorphe d'un taureau ailé qui bornait la porte de Nergal à Ninive et des statues probablement parthes.

Pareillement «affligée», Élisabeth Fontan, conservateur honoraire du Louvre, qui vient juste de prendre sa retraite et se trouvait en charge des collections assyriennes, juge qu'il s'agit d'«une catastrophe irréparable». «Les responsables de l'Institut français du Proche-Orient basés à Erbil ne peuvent même pas aller sur place, précise-t-elle. En 2003, durant la guerre du Golfe, des Taureaux de Khorsabad comparables à ceux qu'on peut admirer au Louvre avaient déjà été découpés en morceaux.»



Envoyé de mon Ipad 

dimanche 15 février 2015

Audience Générale, 13 juin 2007

Audience Générale, 13 juin 2007

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070613.html
Benoît XVI évoque en 2007 l'apport très précieux d'Eusebe de Cesarėe à la culture et à la Foi chrétienne 
Proche de l'empereur Constantin , vivant entre Cesarėe et Tyr , Eusebe a joué un rôle très important dans l'histoire de l'Eglise et du Liban , notamment l'histoire de La ville de Tyr.

Audience Générale, 13 juin 2007

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 juin 2007

Eusèbe de Césarée

Chers frères et sœurs,

Dans l'histoire du christianisme antique, la distinction entre les trois premiers siècles et ceux qui suivirent le Concile de Nicée de 325, le premier Concile œcuménique, est fondamentale. Presque comme une "charnière" entre les deux périodes se trouvent ce qu'on appelle le "tournant constantinien" et la paix de l'Eglise, ainsi que la figure d'Eusèbe, Evêque de Césarée en Palestine. Il fut le représentant le plus qualifié de la culture chrétienne de son époque dans des contextes très variés, de la théologie à l'exégèse, de l'histoire à l'érudition. Eusèbe est en particulier célèbre comme le premier historien du christianisme, mais il fut également le plus grand philologue de l'Eglise antique.

A Césarée, où il faut probablement situer autour de 260 la naissance d'Eusèbe, Origène s'était réfugié en arrivant d'Alexandrie, et c'est là qu'il avait fondé une école et une importante bibliothèque. C'est précisément sur ces livres que devait se former, quelques décennies plus tard, le jeune Eusèbe. En 325, en tant qu'Evêque de Césarée, il joua un rôle important dans le Concile de Nicée. Il en approuva le Credo et l'affirmation de la pleine divinité du Fils de Dieu, défini pour cela "de la même substance" que le Père (homooúsios tõ Patrí). C'est pratiquement le même Credo que nous récitons chaque dimanche dans la sainte Liturgie. Admirateur sincère de Constantin, qui avait donné la paix à l'Eglise, Eusèbe en reçut à son tour l'estime et la considération. Il célébra l'empereur, non seulement dans ses œuvres, mais également dans des discours officiels, prononcés lors du vingtième et du trentième anniversaire de son accession au trône, et après sa mort, qui eut lieu en 337. Deux ou trois ans plus tard, Eusèbe mourut lui aussi.

Chercheur inlassable, dans ses nombreux écrits, Eusèbe se propose de réfléchir et de faire le point sur trois siècles de christianisme, trois siècles vécus sous la persécution, en puisant largement aux sources chrétiennes et païennes conservées en particulier dans la grande bibliothèque de Césarée. Ainsi, malgré l'importance objective de ses œuvres apologétiques, exégétiques et doctrinales, la réputation éternelle d'Eusèbe reste surtout liée aux dix livres de son Histoire ecclésiastique. C'est le premier qui a écrit une Histoire de l'Eglise, qui reste fondamentale grâce aux sources qu'Eusèbe a mises à notre disposition pour toujours. Avec cette Histoire, il réussit à sauver d'un oubli certain de nombreux événements, personnages et œuvres littéraires de l'Eglise antique. Il s'agit donc d'une source primordiale pour la connaissance des premiers siècles du christianisme.

Nous pouvons nous demander de quelle façon il a structuré et avec quelles intentions il a rédigé cette œuvre nouvelle. Au début de son premier livre, l'historien dresse avec précision la liste des thèmes qu'il entend traiter dans son œuvre:  "Je me suis proposé de mettre par écrit les successions des saints apôtres et les temps écoulés, à partir de ceux de notre Sauveur jusqu'à nous; toutes les grandes choses que l'on dit avoir été accomplies au cours de l'histoire de l'Eglise; tous ceux qui ont dirigé et guidé de manière éminente les plus illustres diocèses; et ceux qui, au cours de chaque génération, ont été des messagers de la Parole divine à travers la parole et les écrits; quelles et combien ont été les personnes, et à quelle époque, qui, poussées par un désir de nouveauté, après avoir persévéré le plus possible dans l'erreur, sont devenues des interprètes et des promoteurs d'une fausse doctrine, et comme des loups cruels, ont dévasté sans pitié le troupeau du Christ; ...et le nombre et les moyens avec lesquels, et à quelle époque, la Parole divine fut combattue par les païens; et les grands hommes qui, pour la défendre, sont passés à travers de dures épreuves de sang et de tortures; et, enfin, les témoignages de notre temps, et la miséricorde et la bienveillance de notre Sauveur envers nous tous" (1, 1, 1-2). Eusèbe traite de divers secteurs:  la succession des Apôtres comme ossature de l'Eglise, la diffusion du message, les erreurs, puis les persécutions de la part des païens et les grands témoignage qui sont la lumière de cette Histoire. Dans tout cela transparaissent pour lui la miséricorde et la bienveillance du Sauveur. Eusèbe inaugure ainsi l'historiographie ecclésiastique, poussant son récit jusqu'en 324, année où Constantin, après la défaite de Licinius, fut acclamé unique empereur de Rome.

C'est l'année précédant le grand Concile de Nicée qu'il offre ensuite la "Summa" de ce que l'Eglise - d'un point de vue doctrinal, moral et aussi juridique - avait appris au cours de ses 300 ans.

La citation que nous venons de mentionner, tirée du premier livre de l'Histoire ecclésiastique, contient une répétition certainement intentionnelle. A trois reprises en quelques lignes seulement, revient le titre christologique de Sauveur, et il est explicitement fait référence à sa "miséricorde" et à sa "bienveillance". Nous pouvons ainsi saisir la perspective fondamentale de l'historiographie eusébienne:  son histoire est une histoire "christocentrique" dans laquelle se révèle progressivement le mystère de l'amour de Dieu pour les hommes. Avec un étonnement authentique, Eusèbe reconnaît "qu'auprès de tous les hommes du monde entier seul Jésus est dit, confessé, reconnu Christ [c'est-à-dire Messie et Sauveur du monde], qu'il est rappelé avec ce nom également par les grecs et par les barbares, qu'aujourd'hui encore, il est honoré comme un roi par ses disciples présents dans le monde, admiré plus qu'un prophète, glorifié comme le vrai et unique prêtre de Dieu; et, plus encore, en tant que Logos de Dieu préexistant et tiré de l'être avant tous les temps, il a reçu du Père un honneur digne de vénération, et il est adoré comme Dieu. Mais la chose la plus extraordinaire de toutes est que, lorsque nous lui sommes consacrés, nous le célébrons non seulement avec les voix et le son des paroles, mais avec toutes les dispositions de l'âme, de sorte que nous plaçons avant nos vies elles-mêmes le témoignage que nous  lui rendons" (1, 3, 19-20). C'est ainsi qu'apparaît au premier plan une autre caractéristique, qui restera constante  dans  l'antique historiographie ecclésiastique:  c'est "l'intention morale" qui préside au récit. L'analyse historique  n'est  jamais  une  fin  en elle-même; elle n'est pas seulement faite pour connaître le passé; elle vise plutôt de manière décidée à la conversion, et à un authentique témoignage de vie chrétienne de la part des fidèles. Elle est un guide pour nous-même.

De cette manière, Eusèbe interpelle vivement les croyants de chaque époque à propos de leur façon d'aborder les événements de l'histoire, et de l'Eglise en particulier. Il nous interpelle nous aussi:  quelle est notre attitude à l'égard des événements de l'Eglise? Est-ce l'attitude de celui qui s'y intéresse par simple curiosité, peut-être en recherchant à tout prix ce qui est sensationnel ou scandaleux? Ou bien l'attitude pleine d'amour, et ouverte au mystère, de celui qui sait - par foi - pouvoir retrouver dans l'histoire de l'Eglise les signes de l'amour de Dieu et les grandes œuvres du salut qu'il a accomplies? Si telle est notre attitude, nous ne pouvons que nous sentir encouragés à une réponse plus cohérente et généreuse, à un témoignage de vie plus chrétien pour laisser les signes de l'amour de Dieu également aux générations futures.

"Il y a un mystère", ne se lassait pas de répéter cet éminent expert des Pères de l'Eglise que fut le Cardinal Jean Daniélou:  "Il y a un contenu caché dans l'histoire... Le mystère est celui des œuvres de Dieu, qui constituent dans le temps la réalité authentique, cachée derrière les apparences... Mais cette histoire que Dieu réalise pour l'homme, il ne la réalise pas sans lui. S'arrêter pour contempler les "grandes choses" de Dieu signifierait ne voir qu'un aspect des choses. Face à celles-ci se trouve la réponse des hommes" (Essai sur le mystère de l'histoire - "Saggio sul mistero della  storia",  éd.  it.,  Brescia 1963, p. 182). Après tant de siècles, aujourd'hui aussi Eusèbe de Césarée invite les croyants, il nous invite, à nous étonner, à contempler dans l'histoire les grandes œuvres de Dieu pour le salut des hommes. Et avec tout autant d'énergie, il nous invite à la conversion de notre vie. En effet, face à un Dieu qui nous a aimés de cette manière, nous ne pouvons pas rester inertes. L'instance propre à l'amour est que la vie tout entière doit être orientée vers l'imitation de l'Aimée. Faisons donc tout notre possible pour laisser dans notre vie une trace transparente de l'amour de Dieu.

***

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, les invitant à porter un regard plein d'espérance sur le monde, que Dieu aime et dans lequel il les appelle à témoigner du Christ Sauveur.

© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana



Envoyé de mon Ipad 

jeudi 5 février 2015

L’Académie internationale de gastronomie met le Liban à l’honneur - Zeina SALEH KAYALI - L'Orient-Le Jour

L'Académie internationale de gastronomie met le Liban à l'honneur - Zeina SALEH KAYALI - L'Orient-Le Jour

http://www.lorientlejour.com/article/909793/lacademie-internationale-de-gastronomie-met-le-liban-a-lhonneur.html
5/2//2015-L'Académie internationale de gastronomie met le Liban à l'honneur

C'est dans l'éblouissant écrin de l'hôtel Le Bristol, à Paris, que s'est tenu le dîner annuel de l'Académie internationale de gastronomie qui, cette année, a mis la gastronomie libanaise à l'honneur.
Cette vénérable institution, qui compte 28 pays membres dont le Liban, a pour objet la sauvegarde et le développement des cultures et des patrimoines culinaires régionaux et nationaux, sans oublier l'encouragement de la cuisine moderne dans sa créativité.
Et c'est exactement dans cet esprit de découverte, novateur et curieux, que s'est déroulé l'hommage à notre gastronomie nationale, confiée au talent de l'un des chefs les plus créatifs de sa génération, Nicolas Audi.
Les invités sont essentiellement les membres des différentes académies nationales (France, Belgique, Allemagne, Espagne, Pologne, Portugal, Japon, Suisse, Grèce, etc.), quelques officiels français et libanais (dont les ambassadeurs
Boutros Assaker et Najla Riachi) ainsi qu'un certain nombre de membres de l'Académie libanaise de gastronomie, venus spécialement du Liban pour l'occasion, tels que le président-directeur général des vins Ksara, Zafer Chaoui, ainsi que Naji Chaoui, Khalil Sara (qui est aussi membre du bureau de l'Académie internationale de gastronomie), Gilbert Yared, Amba Dabbous (déléguée au comité des prix), Madeleine Hélou (vice-présidente) et, bien sûr, Georges Husni, président d'honneur de l'Académie internationale de gastronomie.
Après un apéritif de bienvenue, accompagné des traditionnelles bouchées libanaises (fatayer, falafel, mana'ich et sfiha) parfois totalement revisitées par l'imagination du chef, les convives sont invités à s'installer dans l'imposante salle à manger où le dîner peut débuter.
Cheikh Fouad el-Khazen, président de l'Académie libanaise de gastronomie, prend la parole pour préciser que «l'hôtel Le Bristol, qui accueille cette manifestation, vient d'être proclamé Best Hotel Worldwide par le site Trip Advisor». Puis il met l'accent sur l'importance de la gastronomie dans la culture d'un peuple, en rappelant que «le repas français est désormais inscrit sur la liste du patrimoine mondial immatériel de l'Unesco». Cheikh el-Khazen présente ensuite le chef, Nicolas Audi, lauréat en 2014 du grand prix exceptionnel de l'Académie internationale de gastronomie, louant ses «immenses qualités de chef et d'esthète». Le président termine son allocution par un hommage appuyé et très émouvant à Serge Hochar, récemment disparu, «qui a fait connaître le Liban par le biais de son vin, Musar, et dont le fils, Marc, est présent dans la salle».
Les vins libanais sont d'ailleurs fort bien représentés à ce dîner, et des crus aussi prestigieux que Château Ksara Rouge 2004, Château Musar Rouge 2007, Château Kefraya Blanc 2012 ou Ixsir 2012 se marient fort bien avec les saveurs raffinées des plats proposés.
Le secrétaire général de l'Académie libanaise de gastronomie, M. Walid Mouzannar, prend alors la parole pour parler de «l'importance de la cuisine libanaise dans la vie des Libanais». Il raconte de façon fort vivante que l'on trouve dans certains pays d'émigration des Libanais de troisième ou quatrième génération «qui ne parlent plus leur langue mais qui connaissent parfaitement le taboulé ou le hommos». Puis, avec une faconde charmante et beaucoup d'humour, M. Mouzannar présente en détail les cinq plats qui sont au menu. Il donne des détails tout à fait intéressants sur l'origine de chacun d'entre eux, la circonstance ou le lieu où le plat est dégusté, et même la confession qui en maîtrise le mieux la fabrication.
Le festival gustatif peut alors commencer et les papilles passent avec émerveillement d'un taboulé sur feuille de chou, à une galette orientale au fromage, puis à un loup de mer sur sauce harra, à un kebbé arnabieh aux cinq agrumes. Le festival s'achève en apothéose avec l'agneau aplati accompagné de son riz parfumé.
Les desserts ne sont pas moins flamboyants que le reste: osmallieh reconvertie en crème brûlée par Nicolas Audi, tamrieh qui rappelle aux plus âgés les kiosques à la sortie des églises les jours de fête, glace au sahlab au goût si particulier et, enfin, tarte al-Khalil, création tout à fait originale du chef et qui se compose de trois couches superposées: achta, pistaches et jazarieh.
Cette incroyable symphonie de saveurs et de couleurs, présentée avec tant de raffinement et de goût, a, ce soir-là, porté très haut le nom du Liban, civilisation ancestrale dont la gastronomie remonte parfois à des millénaires. Et pour ceux qui ne connaissaient pas cette terre qui recèle tant de merveilles, leur seule envie, en sortant de ce dîner, était de la découvrir.



Envoyé de mon Ipad