mercredi 31 octobre 2012

Le Rath de Genève fasciné par le Liban

Le Rath de Genève fasciné par le Liban

Par May MAKAREM | 01/11/2012-OLJ

En bronze recouvert de feuilles d'or, le veau du bronze moyen (Byblos).
En bronze recouvert de feuilles d'or, le veau du bronze moyen (Byblos).
ÉVÉNEMENT Quinze ans après l'exposition « Liban, l'autre rive » qui avait présenté à l'Institut du monde arabe de Paris les trésors des civilisations qui se sont succédé sur ces 10 452 km2 depuis l'âge du bronze jusqu'à celui des émirs, c'est une grande, une magnifique exposition sur le patrimoine culturel libanais qui enflammera le musée Rath de Genève du 29 novembre 2012 au 31 mars 2013 : « Fascination du Liban ».

LE RATH DE GENÈVE FASCINÉ PAR LE LIBAN

Organisée par la direction des Musées d'art et d'histoire de Genève et le ministère libanais de la Culture, l'exposition « Fascination du Liban » déroulera au travers de 277 œuvres archéologiques, puisées dans les réserves de la Direction générale des antiquités et présentées en première mondiale, le récit de soixante siècles d'histoire de religion, d'art et d'archéologie au pays du Cèdre. L'exposition, dont l'unique étape européenne sera Genève, présentera également une sélection d'icônes melkites de la collection de Freddy Abou Adal, des photographies du Tripoli des Mamelouks prises au début du siècle dernier par Max Van Berchem, ainsi qu'un manuscrit liturgique ancien emprunté à la Bibliothèque orientale de l'Université Saint-Joseph et une bible du XVIIIe siècle prêtée par Antoine Maamari.



Fresque
Provenant des diverses fouilles du pays, des poteries, des bijoux, des figurines, des statues, des sarcophages, des autels, des mosaïques, des stèles funéraires, des croix, des encensoirs et des chapiteaux à monogrammes vont dessiner une véritable fresque chronologique des rites, des sacrifices et des cultes pratiqués en terre phénicienne depuis le IVe millénaire avant J.-C. jusqu'à l'époque ottomane.
Outre l'opportunité de véhiculer l'image d'un pays au patrimoine millénaire, l'évènement sera l'occasion d'exhiber un aperçu des résultats des nouvelles fouilles, mais aussi des pièces archéologiques qui dormaient depuis des lustres dans les dépôts et qui sont désormais restaurées, signale Anne-Marie Maïla Afeiche, conservatrice du Musée national de Beyrouth et cocommissaire de l'exposition avec Marielle Martiniani-Reber et Marc André Haldimann.
D'une pierre, deux coups : tous les trésors de cette exposition ont donc fait peau neuve ; les uns sous le scalpel des experts suisses, les autres à Beyrouth dans les laboratoires d'Isabelle Doumit Skaff et de son équipe. Les grandes pièces ont été acheminées vers Anvers puis Genève par la CGM CMA, et les petites ont été transportées par la MEA sous la bonne garde d'Anne-Marie Afeiche. L'ensemble a été emballé par les spécialistes de la compagnie al-Jazairi. 

Kaunakes, 3000 avant J.-C.
Pour un plongeon dans le monde des inhumations, des offrandes et des croyances en l'au-delà, des urnes cinéraires de l'âge du fer ; des jarres funéraires de l'époque chalcolithique ; des ex-voto de l'âge du bronze moyen provenant de Byblos ; des amphores peintes (âge du fer) de Tell el-Rachidiyé (Tyr) et une quinzaine d'autels votifs romains, dont un magnifique en calcaire mis au jour à Niha et portant une inscription grecque, seront au cœur de l'exposition. A l'honneur également, des dizaines de statues en marbre dont celle d'Apollon, magnifique, découverte à Beyrouth en 1950. On notera également la présence de deux statues de bébés garçons (trouvées à Sidon) qui servaient d'offrandes votives au dieu d'Echmoun, guérisseur des enfants, et, issue du même temple, la Tête de jeune homme choisie pour illustrer l'affiche de l'exposition, réapparaît au grand jour. Volée avec d'autres pièces en 1981, elle fut identifiée avec huit autres sculptures par l'archéologue suisse Rolf Stucky lors des ventes aux enchères à Zurich et à Berne dans les années 2000. Leur vente fut alors arrêtée et l'Office fédéral suisse de la culture les a restituées au Musée national de Beyrouth.
Le trône d'Astarté (hellénistique) provenant des fouilles de Oum el-Amed près de Nakoura sera mis en valeur, ainsi que le veau en bronze recouvert de feuille d'or de Byblos (bronze moyen).
Le musée Rath propose aussi la statuette en plâtre de l'Orant (un officiant), unique représentation à ce jour d'un homme datant de 3000 avant l'ère chrétienne. Portant la traditionnelle robe mésopotamienne (kaunakes), la tête presque droite dans une attitude de respect, l'homme du troisième millénaire a été exhumé lors des fouilles du British Museum à Saïda.

Dea Gravida 
Les visiteurs de l'exposition genevoise admireront en outre un sarcophage anthropoïde sculpté dans du marbre de Paros – d'ailleurs, le Musée national de Beyrouth possède la plus large collection de sarcophages anthropoïdes au monde. Sans oublier deux sarcophages en plomb provenant des fouilles d'Achrafieh et un sarcophage exceptionnel de l'époque romaine, issu des fouilles de Tyr et portant la légende d'Oreste, une des plus répandues dans la littérature grecque. Enfin, trônera, tout autant en marbre et de l'époque romaine, un sarcophage d'enfant (47cm de haut et 83 de long) représentant le chérubin entouré de ses parents et peut-être de son précepteur. Il a été découvert lors des fouilles à Beyrouth. Au menu aussi, la Phénicienne de Sarafand, Dea Gravida, déesse de la fertilité, ainsi qu'une série de figurines en terre cuite de Kharayeb (région de Tyr), remontant à l'époque hellénistique.
L'exposition rassemble de plus une collection de stèles funéraires antiques exhumées à Saïda ou encore ottomanes comme celle en marbre portant le nom de Khairy Enfendi datant de 1246 de l'hégire (ou 1830).

Éros et le nilomètre...
Quant à l'avènement du christianisme, il est illustré par des croix, des lampes, des chapiteaux à monogrammes, d'un ensemble d'encensoirs byzantins en argent gravé de scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament déterré à Mar Chahhine, au Hermel, ainsi que par trois mosaïques byzantines provenant des fouilles de Chehim où une basilique et tout un quartier d'habitation et des pressoirs à huile ont été mis au jour. Sur l'une de ces mosaïques figure une lionne ; sur une autre, deux antilopes y sont représentées de part et d'autre d'un canthare ; et sur la troisième, deux volatiles planent au-dessus d'une amphore. Ces tapis de tessons mesurent chacun deux mètres de long environ sur un mètre soixante dix de large.
Une mosaïque romaine, découverte en 2010 au centre-ville de Beyrouth au sein d'une habitation romaine, fait également partie du lot. Elle représente une scène nilotique d'où se détachent Éros gravant un nilomètre et un personnage mythologique entouré d'animaux aquatiques (crocodile, poissons, canards, etc) chevauchant un hippopotame. 

Bijoux et vêtements 
Chemin faisant, le visiteur pourra admirer la maquette en pierre calcaire du temple de Beit Méry, datant du IIe siècle après J.-C., mais aussi un albarello à décor épigraphique sous glaçure alcaline (XIVe siècle, Beyrouth) ; des monnaies, des bas-reliefs et des poteries mamelouks ; des vases en verre d'époque romaine ; de la céramique et des bijoux dont un collier composé de 54 pendeloques suspendues à des perles en or, trouvé sur le site Dakermann à Saïda.
L'exposition met aussi en vedette le Murex, ainsi que deux robes d'enfant, une robe d'adulte aux manches et aux plastrons brodés, et une étole, le tout découvert en 1991 au nord du Liban, dans la grotte de Aassi el-Hadath, par les spéléologues du Gersl (Groupe d'études et de recherches souterraines au Liban). Pour un petit rappel des faits, l'exploration de la grotte, située à 1300 mètres d'altitude, avait permis d'exhumer huit corps momifiés, dont les vêtements sont demeurés en bon état. D'après le matériel archéologique découvert (céramiques, monnaies, manuscrits arabes et syriaques datant du XIIIe siècle...) et les écrits historiques musulmans et chrétiens, principalement la chronique d'Ibn Abed el-Zâhir et les textes du patriarche Doueihi, les femmes et les enfants y auraient été ensevelis en 1283, lors d'une attaque de l'armée du sultan mamelouk Baybars. Grâce à un processus de momification naturelle dû à la sécheresse de la grotte, les vêtements ont été conservés tout au long des siècles et ils sont aujourd'hui le plus beau témoin de l'art vestimentaire féminin du Liban médiéval.

Quatre documentaires
Voilà en bref quelques-unes des œuvres archéologiques qui seront données à voir au musée Rath de Genève – une visite qui sera ponctuée par les photographies de Manoug Alemian qui a fixé pour l'éternité les sites historiques et les paysages caractéristiques du Liban. Quatre films documentaires seront projetés en boucle : ils montrent les fouilles archéologiques de Sidon menées par Claude Doumit Serhal et le British Museum ; la découverte des momies dans la vallée de Qadischa et la restauration en cours des fresques de Behdaidat (région de Jbeil), ainsi que le film en 3D réalisé par l'équipe de Barcelone à Tyr qui présente le cimetière phénicien de la ville et les fresques de la tombe de Tyr, exposée au Musée national.

Que des vestiges informes...
À la collection archéologique s'ajoutent deux autres ensembles : les icônes melkites de Freddy Abou Adal et les photographies de Max Van Berchem, « savant fondateur de l'épigraphie arabe en tant que discipline », qui, vers la fin du XIXe - début du XXe, avait saisi dans son objectif Tripoli et son patrimoine mamelouk. Dans un texte prémonitoire daté de 1892, Van Berchem signalait que les monuments musulmans et « leurs ruines encore magnifiques ne seront bientôt plus que des vestiges informes d'un glorieux et artistique passé. Leurs inscriptions historiques disparaissent, il faut immédiatement relever tous les textes gravés sur les mosquées, les tombeaux, les caravansérails, les madrassas, les châteaux forts ou les ponts, photographier les monuments et explorer toutes les régions musulmanes (...) » 

« Il nous manque encore pas mal d'argent... » 
Signalons enfin qu'à travers des articles de fond ou de notices développés, plus d'une trentaine d'archéologues et d'historiens apportent leur contribution au catalogue qui sera édité à l'occasion de cette exposition qui bénéficie du généreux soutien de l'association Fascination du Liban et de ses mécènes, de la Fondation Max Van Berchem, de MKS (Switzerland) SA, de Crédit Agricole Private Banking, de Jabre Capital Partners SA, du magasin Lyzamir et de Middle East Airlines-Air Liban.


Lancée dès 2007 à l'initiative du ministre Tarek Mitri et de Patrice Mugny, à l'époque responsable de la culture à Genève, qui avaient désigné Malek Michel el-Khoury, résident entre Genève et Beyrouth, coordinateur entre les deux parties, le projet a été avalisé et adopté avec enthousiasme par les directeurs des musées et les ministres de la Culture genevois et libanais. «Toutes les procédures se sont enclenchées à l'époque, mais le processus d'exécution n'a commencé en fait que sous le ministre Gaby Layoun, Samy Kanaan (responsable de la culture à Genève) et Jean-Yves Marin, directeur du musée Rath», indique Malek el-Khoury, ajoutant que «ce projet mixte libano-suisse impose au Liban une partie de l'organisation et une participation financière qui est de 550000 francs suisses, alors que la somme engagée par Genève est de loin supérieure». Aussi, pour assurer la promotion de l'exposition, solliciter le secteur privé et récolter les fonds nécessaires, les Libanais de Genève se sont mobilisés et ont créé l'association Fascination du Liban, qui a à sa tête deux coprésidents : Malek el-Khoury et Cathia Damien, et regroupe Zahi Haddad, Carole Abi Saab, Alain Bitar et Dalia Mitri Davidshofer. À l'appel lancé par l'association, « un grand nombre de Suisses et de Libanais se sont solidarisés pour verser de petites sommes, mais il nous manque encore pas mal d'argent pour assurer la cotisation du pays du Cèdre à la monumentale exposition », résume M. Khoury avec un sourire plutôt optimiste.
L'espoir fait vivre : il serait atrocement malheureux que les derniers à être fascinés par le Liban, sa culture et son rayonnement soient... les Libanais.


http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/785427/Le_Rath_de_Geneve_fascine_par_le_Liban.html


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lundi 29 octobre 2012

« D’un siècle à l’autre, au Liban », par le Dr Joseph M. Hatem

« D'un siècle à l'autre, au Liban », par le Dr Joseph M. Hatem
OLJ-29/10/2012

Après 66 ans en blouse blanche où il décrit les différentes étapes de sa carrière et Le Liban illustré par ses timbres, le Dr Joseph M. Hatem raconte, à la nouvelle génération de Beyrouthins, ce que fut leur ville il y a moins d'un siècle.

L'auteur a entrepris de le faire en dialoguant avec ses petits-enfants. Tout passe : l'aspect vieillot des anciens quartiers, les souks, le rivage, les us et les coutumes des habitants. On y apprend qu'à Minet el-Hosn, où est né Joseph Hatem, certains quartiers n'étaient pas encore branchés au réseau électrique de la ville et s'éclairaient à la lampe à pétrole. Qu'à cette époque, les familles préparaient la pâte à pain et l'envoyaient cuire chez le boulanger. Que l'on achetait les produits périssables au jour le jour et qu'aucun de nos conforts modernes n'existaient alors, ni cuisinière au gaz, ni réfrigérateur, ni lave-vaisselle et moins encore le lave-linge, le chauffage central et la climatisation. Les voitures particulières étaient rares, mais les tramways sillonnaient la ville. D'anciennes coutumes liées à la mort persistaient : le défunt veillé à la maison, la voiture mortuaire aux tentures noires tirée par quatre chevaux drapés de noir et les condoléances reçues à domicile.

La guerre libanaise (1975-1990) balaiera ce passé, symbolisé par le centre-ville. Que de quartiers rayés de la carte ou métamorphosés : une partie de Minet el-Hosn, Zeitouné, Wadi Bou Jemil, les souks, el-Bourj, le tout remplacé par des structures modernes où les Beyrouthins ne se reconnaissent plus. La révolution informatique et les avancées techniques amèneront des transformations profondes dans la vie et dans le comportement de la nouvelle génération : confort poussé à l'extrême, rues envahies par les voitures et les deux-roues, tours géantes en acier et ciment. Les jeunes ont les yeux rivés à leurs jouets informatiques ou voyagent sur la toile pendant des heures. La cellule familiale est au bord de l'éclatement, la société se libère des principes moraux séculaires et on se demande où l'on va.
Épisodes autobiographiques, souvenirs personnels servent de trame à ce récit qui se veut une projection du passé pour un avenir meilleur. Le sera-t-il ?
L'auteur poursuit, à la demande de ses petits-enfants, par un historique anecdotique de leurs origines qui s'enracinent dans la montagne libanaise et se prolongent plus loin dans la Syrie proche et dans les villes de la lointaine France.
Un récit sincère et humoristique où l'auteur s'efface pour écouter la réaction de ses petits-enfants.
L'auteur signera son ouvrage D'un siècle à l'autre, au Liban au stand de la librairie Antoine, demain, mardi 30 octobre, à partir de 18 heures.


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mercredi 24 octobre 2012

Le précieux patrimoine artistique libanais répertorié dans « Art from Lebanon »

Le précieux patrimoine artistique libanais répertorié dans « Art from Lebanon »
OLJ- Par Maya GHANDOUR HERT | 25/10/2012


Le Beirut Exhibition Center sera le témoin, ce soir, d'un double évènement. Vernissage d'une exposition « Art from Lebanon », rétrospective réunissant une soixantaine d'œuvres de grands maîtres de la peinture au Liban, tirées de collections privées ou publiques.
Et signature de l'ouvrage « L'Art au Liban, artistes modernes et contemporains, 1880 à 1975, tome 1 » (Wonderful Ed.). Disponible en version anglaise ou française.

Nour Salamé Abillama est le moteur des deux évènements. C'est en effet à son initiative que le BEC accueille l'exposition, une première dans son genre rétrospectif. Nadine Begdache et Saleh Barakat en sont les curateurs et ils ont confié la scénographie à Karim Begdache Architects qui se serait inspiré des nouveaux décors du très parisien Musée d'Orsay.
Salamé Abillama, consultante en marketing et stratégie, tient les rênes depuis 2006 de la maison d'édition fondée par sa mère, Nada Salamé, ayant publié Maisons de rêve du Liban et Maisons de rêve du Liban et d'ailleurs, ayant également dirigé l'ouvrage L'Art au Liban dont la rédaction et la recherche sont signées par Marie Tomb.
Diplômée en histoire de l'art de l'Université de Yale aux États-Unis et du Courtaud Institute of Art de Londres, Tomb est actuellement enseignante à l'Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) et à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ).
Cette édition soignée est alourdie par une préface d'Amin Maalouf, ainsi que par les contributions de Joseph Tarrab, César Nammour, Fayçal et Maha Sultan et Grégory Buchakjian. Elle s'est en plus octroyé un comité consultatif des plus pointus, regroupant Sylvie Ajemian, Saleh Barakat, Nadine Begdache et Abraham Karabajakian.
Cet ouvrage de référence documente la vie et l'œuvre de 60 artistes nés (avant 1950) ou ayant vécu un grand pan de leur vie au Liban. Plus de 650 illustrations en couleurs laissent la place au discours visuel.
Pour résumer les choses en simplifiant, disons qu'il s'agit là d'une petite histoire de l'art au Liban, à la portée de tous, sans grande prétention ni élitisme. Un musée portatif (en l'absence d'un réel, que l'on déplore sans arrêt).
Dans son introduction étayée, Joseph Tarrab souligne une « coupure radicale entre l'évolution sociopolitique et culturelle et la peinture libanaise qui perdurera pratiquement jusqu'aux années 60 du XXe siècle ». « Le cours tranquille de la peinture libanaise traversera tous les bouleversements politiques et militaires sans broncher », ajoute-t-il.
Donc ni la lutte antiottomane, ni le « safarbarlek », ni la grande famine, ni les évènements de la Première Guerre mondiale, ni le mandat français, ni la guerre de l'indépendance, ni le sionisme en Palestine, ni les crises, les guerres, les révolutions, les injustices n'ont inspiré les artistes qui sont restés hermétiques à leur époque.
Ce n'est qu'à partir de la défaite de 1967, « indirectement évoquée par Rafic Charaf, et la lutte de libération algérienne célébrée par Aref el-Rayess », indique Tarrab, que de plus en plus de peintres voudront mettre fin à cette indifférence, jusqu'à ce que la persistance de la guerre libanaise les sorte de leur torpeur, sans pour autant transformer radicalement leur approche.
L'année 1991 marquera donc une nouvelle phase, celle où de nouvelles générations d'artistes, à travers des medias variés et souvent novateurs, marquent leurs œuvres d'une critique sociopolitique
Entre les portraits de bourgeois et tableaux religieux du pionnier Daoud Corm, premier peintre à pouvoir prétendre pleinement à ce titre, selon Tarrab, et les estampes aux « assemblages complexes » et énigmatiques de Mohammad el-Rawas, c'est « le grand écart », conclut Joseph Tarrab.
César Nammour propose également une brève histoire de l'art au Liban qu'il divise en sept périodes. La première allant de 1450 à 1860, en marque les débuts, avec les premières toiles à caractère religieux commandées par les églises. La deuxième dure de 1860 à 1920, avec les premières émigrations et c'est celle des précurseurs. La troisième période, de 1920 à 1943, lors du mandat français, est celle des « enseignants ». Les « avant-gardistes », de 1943 à 1958, ou la première période de l'indépendance avec Chafic Abboud, Saloua Raouda Choucair, Yvette Achkar, Mounir Eido, Rafic Charaf, Aref Rayess, Etel Adnan, Huguette Caland...
La cinquième période selon Nammour s'étend de 1958 à 1975, marquée par une conscience esthétique propulsée à l'avant. Parmi les artistes qui ont marqué cette époque : Amine el-Bacha, Samir Abi Rached, Élie Kanaan, Moussa Tiba, Mohammad Kaddoura, Houry Chekergian...
La guerre civile, de 1975 à 2000, « fait perdre au Liban son titre de centre artistique du monde arabe ». Durant cette 6e période, beaucoup d'artistes quittent le pays, estime Nammour. Des galeries ferment, d'où l'appauvrissement de la scène locale artistique. La septième et dernière période est celle de l'après-guerre, allant de 2000 à nos jours. Elle voit une communauté artistique en pleine croissance, une « liberté d'expression omniprésente » et une grande variété des médias utilisés. Cette période sera sans doute le sujet du second tome.
En attendant une petite leçon de théorie de « l'art abstrait et des tendances modernes » avec Fayçal Sultan et après un chapitre de « rencontres avec l'art libanais comprenant des souvenirs de famille et autres récits » par Grégory Buchakjian aux dons de conteur et de pédagogue attesté, effectuons un plongeon dans l'histoire de ces artistes auxquels cet ouvrage compte rendre hommage. « L'art au Liban, ici et ailleurs, c'est celui des artistes ayant des racines libanaises (familiales, affectives, identitaires...), mais surtout qui partagent des liens profonds avec cette terre », souligne Marie Tomb en conclusion.
Si le titre L'Art au Liban de l'édition française (ah ! les subtilités traîtresses de cette langue) sonne moins précis que celui en anglais Art from Lebanon, on pourrait peut-être le modifier en précisant que cette belle édition, sans être exhaustive, excelle pourtant dans l'art de rassembler des artistes talentueux du
Liban.



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lundi 8 octobre 2012

Zawaq, Guide des vins du Liban

Zawaq, Guide des vins du Liban

La renaissance des vins libanais

Ariane QuentierJournaliste et consultante
La renaissance des vins libanais
Publication: 08/10/2012 06:00

Baalbek, l'antique cité romaine nichée au cœur de la Bekaa, est la capitale du vin libanais et... du très pro-iranien "Hezboland", le pays du Hezbollah. A l'entrée de la ville, les drapeaux noirs du Hezb et les portraits d'imams enturbannés côtoient tout naturellement les massives colonnes du temple de Bacchus, unique bâtiment romain jamais dédié au Dieu du vin, des plaisir et autres débordements sexuels. Majestueux, intact, patrimoine mondial de l'humanité, le monument semble présider aux destinées des terres chiites...

"Quel clin doeil ! C'est tout le Liban et ses ambigüités !" s'amuse Muriel Rozelier (1), auteur de "Zawaq, Guide des vins du Liban", première Bible du genre présentée à Beyrouth et maintenant à Paris (2). Nous parlons d'une région où l'alcool devrait être banni, "harram", interdit par le Coran. Mais voilà, non seulement le temple de Bacchus est dédié à l'ivresse mais à quelques kilomètres d'ici s'étendent les vignobles de la Bekaa, berceau historique de la production viticole libanaise".

En dépit d'un parcours tourmenté, la vigne libanaise se porte à merveille. L'histoire commence il y a trois millénaires quand Cananéens puis Phéniciens s'essaient à un "vin pourpre du Mont-Liban" dont l'existence est attestée par des fresques découvertes dans les tombaux de la Vallée des Rois en Haute Egypte. La Grèce Antique, les Romains puis les premiers chrétiens perpétuent la tradition jusqu'à l'arrivée des empires musulmans. Le rideau tombe alors sur une culture viticole qui ne disparait pas pour autant.

La renaissance du vin sera le fait des Jésuites qui s'installent dans la Bekaa au 19ème siècle. Nécessités spirituelle et liturgique obligent, le vin de la Messe et le sang du Christ coulent en terre libanaise... Accompagnés d'un mercantilisme de bon aloi puisqu'il s'agit d'alimenter la consommation des soldats français déployés en 1860 - déjà - pour protéger les chrétiens libanais. Château Ksara s'impose comme un must jamais démenti, toujours numéro un des crus locaux avec 2,7 millions de bouteilles vendues en 2011 et 70,000 touristes déambulant dans les caves souterraines du domaine.

Deuxième tomber de rideau avec la guerre civile (1975-1990) - et une baisse quantitative et qualitative de la production. Mais depuis la fin du conflit, la viticulture libanaise connait une croissance exponentielle, multipliée par quatre en dix ans. Le vignoble s'étend sur près de 3000 hectares pour s'accroître annuellement de 100 à 150 hectares. La production est passée de 5 millions de cols en 2000 à 8 millions en 2011, le nombre de châteaux de trois à quarante. Grâce à son terroir d'exception, ses températures élevées et son ensoleillement maximum, le Liban a "de quoi produire des vins brillants notamment sur le segment des rouges moyens à haut de gamme qui peuvent rivaliser sans complexe avec d'autres productions", lit-on encore dans le précieux Guide.

Le vignoble serait-il l'avenir du Liban ? "En tous les cas, c'est la seule filière agricole qui fonctionne" constate encore Muriel Rozelier qui y verrait bien une culture de substitution pour remplacer le hachich aujourd'hui illégal. Selon l'ONU, le Pays du Cèdre est aussi celui de la "dope" : un des cinq premiers producteurs mondiaux de cannabis. Depuis 92, les campagnes d'éradication se sont succédé provoquant la colère des locaux qui voient partir en fumée leur seul moyen de subsistance. Mais le Liban est une nouvelle fois rattrapé par son confessionnalisme politique. Difficile en effet au ministre de l'agriculture, un chiite de la Bekaa membre du Hezbollah, de promouvoir la vigne et ses dérivés, aussi rentables soient-ils, pour remplacer le hachich... Impasse donc alors qu'en août dernier forces militaires d'éradication et métayers chiites en arrivaient aux armes, à quelques encablures seulement des fertiles vignobles travaillés en grande partie, mais pas exclusivement, par les paysans chrétiens.

___________________
(1) Muriel Rozelier est également l'auteur d'une Vie de Pintades à Beyrouth (Calman-Levy)
(2) Office du Tourisme

Zawaq, Guide des vins du Liban, Editions Le Commerce du Levant et Tamyras- Office du Tourisme du Liban, Paris. Guide bilingue Direction de l'ouvrage : Sibylle Rizk et texte : Muriel Rozelier

http://www.huffingtonpost.fr/ariane-quentier/vin-liban_b_1938568.html


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dimanche 7 octobre 2012

LIBANIUS صناعة الفخار في لبنان تعود الى الاف السنين


صناعة الفخار في لبنان تعود الى ما قبل المسيح بأربعة آلاف سنة


مجموعة من الأباريق في الهواء الطلق.

تعود صناعة الفخار في لبنان الى آلاف مضت من السنين، وربما الى ما قبل ظهور السيد المسيح بأربعة آلاف سنة. وبلدة راشيا الفخار في منطقة العرقوب هي الأعرق والأعتق في هذه الصناعة التي طبعت اسم راشيا بالفخار، وهذا ما يميزها عن باقي القرى والبلدات في لبنان.

منذ ان كانت راشيا قبل ألف عام على الاقل كان الفخار، وكانت الافران المصنوعة من الطين يصل عديدها في مرحلة من المراحل الى 70 فرناً، فانصرفت كل عائلاتها للعمل في هذا الحقل، وكان الانتاج وفيراً والحياة أهنأ من اليوم. إلاّ أن هذه الصناعة بدأت بالانقراض شيئاً فشيئاً منذ الخمسينات من القرن الماضي، حتى تدنى الرقم الى فرنين فقط، أحدهما لأديب الغريب ويعمل بنشاط، والآخر لجهاد اسبر عندما تكون الظروف مؤاتية، وهذا تراجع لافت، ان لجهة الابقاء على هذا التراث، أو لجهة المردود المادي للعائلات هناك.
والسؤال، لماذا حصل ذلك؟
الجواب التلقائي، عدم الاهتمام الرسمي وعدم ايلاء هذه الصناعة العناية التي تليق بها للمحافظة عليها، والامر الثاني، الاعتداءات الاسرائيلية على البلدة منذ الحرب العربية – الاسرائيلية في حزيران من العام 1967، مما دفع بالسواد الأعظم من سكانها الى تركها والانتقال الى مناطق أخرى، والى بلدان ودول عربية وغير عربية، بعدما دفع هؤلاء الثمن غالياً من جراء هذه الاعتداءات بشراً وحجراً، ولم تعد لهم طاقة على البقاء هناك اذ سويت كل منازل الضيعة تقريباً بالارض.
حاول الاهالي في منتصف الستينات بناء فاخورة عند مدخل البلدة، وبمساعدة من الاستاذ غسان تويني، الذي تفقدها منتصف السبعينات، والى جانبه الامام موسى الصدر والشيخ عبد الامير قبلان، إلا ان الاعتداءات طالت لاحقاً المبنى ودمرت قسماً منه، فتوقف العمل بالمشروع.

لا تاريخ دقيقاً

في زيارة الفرن المتبقي قال صاحبه أديب الغريب لـ"النهار": "لا تاريخ دقيقاً لبدء صناعة الفخار، وربما وجدت منذ وجود الانسان الذي اكتشف كيف يشعل النار، فمنذ ذلك الحين بدأت صناعة الفخار، وهي أقدم صناعة في التاريخ. 
أما بالنسبة الى راشيا فقال: "ايضاً ليس هناك من تاريخ محدد لها، ممكن أن تكون منذ أكثر من خمسة آلاف سنة، اذ توجد في غير مكان داخل البلدة وخارجها بقايا فخارية، نحن نعجز عن أن نصنِّع مثلها، مما يدل على قدمها. وكل من يقول ان هناك تاريخ لذلك يكون مخطئاً، فهي من قبل السيد المسيح و"الله العليم"". وكشف الغريب انه في الخمسينات كان هناك 40 مصنعاً، بدأت بالتقلص بسبب عدم التصريف وعدم الاهتمام، ولا مبالاة الجيل الصاعد بهذه الصناعة، فلم يبقَ سوى مصنعين في راشيا، لنذير اسبر يعمل في تصنيع القطع الصغيرة، أما جهاد اسبر فإنه يصنع في بيروت وليس هنا. وأما نحن فقد ورثنا هذه الصناعة عن أهلنا "أباً عن جد"، وسأستمر فيها ما دمت قادراً صحياً على ذلك، والى جانبي أفراد عائلتي.
التسويق يتمّ ابتداء من صور، الى بنت جبيل والنبطية وقانا ودردغيا، الى الخيام ومرجعيون، "بيّي كان فاخوري وجدي كان فاخوري". وعن فترة التصنيع قال: "لا يصح العمل في راشيا في فصل الشتاء، إلاّ إذا قامت الدولة بدور ما كبناء اماكن مخصصة مجهزة بوسائل التدفئة، يمكن عندها التصنيع شتاءً، أما اليوم فيقتصر العمل على موسم الصيف. 
وهذه الحرفة تؤمن للعائلة اكتفاءً ذاتياً، وهذا أمر مهم، خاصة وانك تكون في هذه الحالة "رب عملك وسيد نفسك". وكشف ان هناك تعاونية فخارية جديدة لم توضع على سكة العمل بعد، وهناك منتسبون اليها، والبناء لم يكتمل بعد الى جانب المبنى البلدي.
أما اقتراحه لاعادة البريق الى هذه الصناعة، فقال الغريب: "المطلوب أن تقوم الجهات المعنية بالعمل على جمع شمل العناصر الشابة في راشيا وتخضعهم لدورات لاتقان صناعة الفخار، الى جانب تأمين معاش لهم كي لا تندثر هذه الصناعة، ليس في راشيا فقط وانما في لبنان، لأنها أقدم صناعة في التاريخ".
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