I.- Patrimoine immatériel libanais et identité nationale
Pour introduire ce sujet récurrent, de plus en plus d'actualité avec la mondialisation, je reprendrai la définition adoptée par l'Unesco, conformément à une convention internationale adoptée par la conférence générale en 2003 et ratifiée à ce jour par 146 pays, y compris le Liban, début 2007. On entend par « patrimoine culturel immatériel » les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire que les communautés reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel, transmis de génération en génération ; il est recréé en permanence en fonction du milieu, de l'interaction avec la nature et l'histoire, et procure un sentiment d'identité et de continuité aux communautés qui en sont détentrices. Ce patrimoine traditionnel et moderne nourrit la diversité culturelle et la créativité. Seul le patrimoine immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme ainsi qu'à l'exigence du respect mutuel entre communautés et d'un développement durable est pris en considération.
Il existe plusieurs dispositifs complémentaires au niveau international pour soutenir la sauvegarde : une liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, une liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité (à l'instar de celle du patrimoine mondial regroupant les sites naturels et culturels classés par l'Unesco en application de la convention de 1972) et un registre des meilleures pratiques de sauvegarde. La septième session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel, immatériel vient de se tenir au siège de l'Unesco du 3 au 7 décembre 2012.
À ce jour, la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comprend 27 éléments dans 15 pays (plus 8 candidatures lors de cette session), la liste représentative du patrimoine culturel immatériel compte 232 éléments dans 86 pays ( plus 36 candidatures lors de cette session). Le registre des meilleures pratiques de sauvegarde compte 8 programmes (plus 2 candidatures). En outre, dix demandes d'assistance internationale pour des plans de sauvegarde ou d'inventaire ont été examinées par cette session par le comité qui regroupe 24 membres des États parties à cette convention élus pour un mandat de quatre ans, dont la moitié est renouvelée tous les deux ans.
Après cette brève présentation technique indispensable, il est important de voir comment le Liban se situe par rapport à cette convention, son esprit et sa répercussion sur le plan de l'identité nationale.
Tout d'abord, cette notion de patrimoine culturel immatériel interactif, donc dynamique, qui procure une identité et une continuité concernant les communautés, autrement dit en deçà ou au-delà de l'entité juridique d'un pays et de ses frontières, est née avec la mondialisation. Pour la première fois au niveau international, on parle de communautés sans qu'elles soient spécifiquement nationales. Or, au Liban, qui est lui-même composé de communautés religieuses culturelles et politiques, cette notion transcommunautaire de patrimoine immatériel contribue fortement à l'élaboration d'une entité nationale qui soude les Libanais et rattache le Liban à son environnement et au reste du monde, tout en respectant sa spécificité. D'autre part, à travers cette notion de patrimoine culturel immatériel (ou patrimoine vivant), nous réalisons que le processus d'identité n'est pas statique mais qu'il s'agit bien d'une dynamique d'identification reposant, certes, sur des éléments structurants de base mais qui interagissent de manière interactive et évolutive. En s'inscrivant dans une construction progressive basée sur le vécu (ou le vivre-ensemble) et l'histoire, le patrimoine culturel immatériel crée l'échange, donne en partage, restitue le lien et constitue le patrimoine transmissible à travers les hommes et les générations. En outre, cette démarche doit nécessairement s'inscrire dans le cadre des droits de l'homme et de l'exigence du respect mutuel entre les communautés et d'un développement durable. La convention de 2003 établit un cadre cohérent et pratique, en conformité avec l'esprit et les idéaux de l'Unesco, pour répondre au mieux aux défis de la mondialisation et des peurs ancestrales et archaïques qu'elle peut faire ressurgir
(À suivre)
Il existe plusieurs dispositifs complémentaires au niveau international pour soutenir la sauvegarde : une liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, une liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité (à l'instar de celle du patrimoine mondial regroupant les sites naturels et culturels classés par l'Unesco en application de la convention de 1972) et un registre des meilleures pratiques de sauvegarde. La septième session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel, immatériel vient de se tenir au siège de l'Unesco du 3 au 7 décembre 2012.
À ce jour, la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comprend 27 éléments dans 15 pays (plus 8 candidatures lors de cette session), la liste représentative du patrimoine culturel immatériel compte 232 éléments dans 86 pays ( plus 36 candidatures lors de cette session). Le registre des meilleures pratiques de sauvegarde compte 8 programmes (plus 2 candidatures). En outre, dix demandes d'assistance internationale pour des plans de sauvegarde ou d'inventaire ont été examinées par cette session par le comité qui regroupe 24 membres des États parties à cette convention élus pour un mandat de quatre ans, dont la moitié est renouvelée tous les deux ans.
Après cette brève présentation technique indispensable, il est important de voir comment le Liban se situe par rapport à cette convention, son esprit et sa répercussion sur le plan de l'identité nationale.
Tout d'abord, cette notion de patrimoine culturel immatériel interactif, donc dynamique, qui procure une identité et une continuité concernant les communautés, autrement dit en deçà ou au-delà de l'entité juridique d'un pays et de ses frontières, est née avec la mondialisation. Pour la première fois au niveau international, on parle de communautés sans qu'elles soient spécifiquement nationales. Or, au Liban, qui est lui-même composé de communautés religieuses culturelles et politiques, cette notion transcommunautaire de patrimoine immatériel contribue fortement à l'élaboration d'une entité nationale qui soude les Libanais et rattache le Liban à son environnement et au reste du monde, tout en respectant sa spécificité. D'autre part, à travers cette notion de patrimoine culturel immatériel (ou patrimoine vivant), nous réalisons que le processus d'identité n'est pas statique mais qu'il s'agit bien d'une dynamique d'identification reposant, certes, sur des éléments structurants de base mais qui interagissent de manière interactive et évolutive. En s'inscrivant dans une construction progressive basée sur le vécu (ou le vivre-ensemble) et l'histoire, le patrimoine culturel immatériel crée l'échange, donne en partage, restitue le lien et constitue le patrimoine transmissible à travers les hommes et les générations. En outre, cette démarche doit nécessairement s'inscrire dans le cadre des droits de l'homme et de l'exigence du respect mutuel entre les communautés et d'un développement durable. La convention de 2003 établit un cadre cohérent et pratique, en conformité avec l'esprit et les idéaux de l'Unesco, pour répondre au mieux aux défis de la mondialisation et des peurs ancestrales et archaïques qu'elle peut faire ressurgir
(À suivre)
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