vendredi 17 octobre 2014

Le Liban, modèle pour un Moyen-Orient post-Etat islamique? - L'Orient-Le Jour

Le Liban, modèle pour un Moyen-Orient post-Etat islamique? - L'Orient-Le Jour

Le Liban, modèle pour un Moyen-Orient post-Etat islamique?

"Dans la quête d'une sorte d'équilibre des forces qui puisse satisfaire les minorités et les majorités, le modèle libanais consociatif de partage du pouvoir, malgré ses défauts, pourrait être une solution réaliste assurant une stabilité politique relative dans les Etats actuellement anarchique de Syrie et d'Irak". C'est ce qu'estime l'ancien ambassadeur canadien en Jordanie, Egypte et Israël, Michael Bell, actuellement professeur adjoint de science politique à l'Université Windsor et enseignant à la Carleton University.

Dans les colonnes du Globe and Mail canadien, M. Bell érige le Liban en solution aux crises auxquelles font face la Syrie et l'Irak, alors que le groupe Etat islamique (EI) contrôle de larges pans de territoire dans ces deux pays. "Le modèle libanais, appliqué en Syrie et en Irak pourrait aboutir à une gouvernance légitime, en assurant une relative stabilité inter-ethnique. Il pourrait limiter la menace terroriste à laquelle nous faisons tous face. Il éviterait également un jeu à somme nulle", souligne-t-il.

M. Bell passe ainsi en revue les fondamentaux du modèle consociatif, tel que défini dans les années 60 par le politologue néerlandais Arend Lijphart : "Pour que ce modèle fonctionne, il y a quatre pré-requis. Des frontières claires entre les cultures religieuses et ethno-nationales qui réduisent les tensions entre ces groupes identitaires. Une élite confessionnelle qui œuvre de concert, tout en maintenant la loyauté de ses constituants. Un équilibre des forces entre ces élites afin de résister aux velléités majoritaristes. Enfin, une décentralisation qui assure l'autonomie et la légitimité nécessaires aux communautés".

A l'appui de son analyse, M. Bell note que la démocratie majoritaire occidentale "ne fonctionne pas au Moyen-Orient, où il n'existe aucune garantie légale pour les minorités". Dénonçant le régime syrien de Bachar el-Assad, il reconnait toutefois qu'"après tout, il était le protecteur des minorités".

Concernant l'Irak, M. Bell appelle les autorités chiites du pays à partager le pouvoir avec leur concitoyens sunnites, estimant que le fait de les avoir éloignés du pouvoir a permis à l'EI de s'implanter.

A noter toutefois que M. Bell commet une imprécision en affirmant que depuis les années 60, les sièges parlementaires et hautes fonctions du pays du Cèdre sont réservées aux communautés maronite chrétienne, chiite et sunnite musulmanes. En réalité, c'est suite au Pacte national de 1943 (accord non-écrit), que la répartition confessionnelle au Liban est consacrée. De plus, les sièges de la Chambre sont également ouverts aux communautés druze, orthodoxe, grecque catholique, arménienne, et autres, et donc à tout candidat libanais de toute minorité, respectant les critères d'éligibilité.

Dans ce contexte, M. Bell souligne qu'une solution consociative constituerait une solide base de réforme. Il souligne aussi qu'elle nécessiterait une coopération régionale, en particulier entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Et de conclure : "En tant qu'Occidentaux, nous avons intérêt à réfléchir davantage au système consociatif, si nous voulons limiter le danger terroriste qui est à nos portes".



Envoyé de mon Ipad 

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