vendredi 18 septembre 2015

D'Hatra à Palmyre, les destructions des sites antiques par Daech continuent

D'Hatra à Palmyre, les destructions des sites antiques par Daech continuent

D'Hatra à Palmyre, les destructions des sites antiques par Daech continuent

Le temple de Bel, en partie détruit par Daech dimanche, date du Ier siècle. Il était dans un état de conservation remarquable.

INFOGRAPHIE / EN IMAGES - En Irak et en Syrie, le groupe État islamique détruit méthodiquement tout héritage culturel n'appartenant pas à la civilisation islamique. Le patrimoine de Palmyre vient une nouvelle fois d'être détruit par les islamistes, qui s'en sont pris au temple de Bel.

Les djihadistes de Daech manient aussi bien la pioche que la kalachnikov. Depuis la prise de Mossoul à l'été 2014 et la proclamation du califat, les destructions de sites antiques et d'œuvres millénaires s'enchaînent sur les territoires conquis en Irak et en Syrie. L'objectif des islamistes? Radier du paysage culturel tout ce qui est antérieur à la fondation de l'islam, notamment les vestiges parthes et assyriens. Ils visent également les sanctuaires chiites, ennemis irréductibles du fanatisme sunnite. Cette guerre contre la culture est aussi une provocation adressée à l'Occident, dont les caméras sont braquées sur les chefs-d'œuvre en péril.

• Le tombeau de Jonas

C'était encore l'époque ou Daech s'appelait EEIL (Etat islamique en irak et au Levant). Le 24 juillet 2014, après la prise de Mossoul, les djihadistes décident de faire exploser le tombeau de Jonas, considéré comme un lieu d'apostasie. Construit au VIIIème siècle, le mausolée était un haut lieu de pèlerinage chiite. Auparavant les djihadistes avaient déjà détruit sept lieux de culte chiites dans les environs de Mossoul.

• Les lions assyriens de Raqqa

Deux magnifiques lions assyriens ont été détruit au bulldozer dans le centre-ville de Raqqa, ville syrienne devenue la capitale de l'Etat islamique

Les deux lions assyriens du centre de Raqqa. Crédits: © DGAM

• La bibliothèque et le musée de Mossoul

En janvier 2015, 2000 livres issus de la collection de la Bibliothèque de Mossoul sont brulés devant les caméras. Des livres pour enfants, de poésie, de philosophie, de santé, de sport et de sciences, ainsi que les journaux datant du début du XXe siècle, des cartes ottomanes et des collections privées offertes par les vieilles familles de Mossoul partent en fumée. Certains manuscrits anciens ont pu être sauvés de justesse grâce à des moines dominicains présents à Mossoul.

En février 2015, les djihadistes de l'Etat islamique publient une vidéo sur YouTube mettant en scène la destruction systématique d'antiquités assyriennes au musée de Mossoul. On y voit les islamistes, armés de masses et de marteaux piqueurs réduisant en miettes des statues datant du VIIème siècle avant Jésus-Christ. La condamnation de la communauté internationale est unanime. François Hollande parle de «barbarie».

• La ville assyrienne de Nimroud

Le massacre du patrimoine assyrien se poursuit avec la destruction de la cité historique de Nimroud à coup de bulldozer et d'explosifs en mars 2015, d'après le ministère du Tourisme et des Antiquités irakien. Ce joyau archéologique irakien date du XIIIe siècle avant Jésus-Christ. Des bas-reliefs de 3000 ans, les fameux «lions de Nimroud», les frises, les taureaux androcéphales, tout pourrait avoir disparu. Impossible pour le moment de constater l'ampleur des dégats.

• La cité antique d'Hatra

Un Djihadiste tapant à coups de masse sur un bas-relief de la cité antique d'Hatra

En avril dernier, le groupe Etat islamique a mis en ligne une vidéo de 7 minutes montrant des djihadistes en train de détruire à coup de fusil et de pioches des antiquités sur le site irakien de Hatra.

Hatra, cité antique vieille de 2000 ans inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, est située à 100 km au sud de Mossoul, dans le nord de l'Irak.

«L'Etat islamique nous a envoyés pour détruire ces idoles parce qu'elles sont vénérées à la place de Dieu», explique l'un des deux jihadistes s'exprimant dans la vidéo, qui n'est pas datée.

«Des organisations apostates ont assuré que la destruction de telles antiquités était un crime de guerre, donc nous allons les détruire» affirme l'un des islamistes.

• La cité antique de Palmyre

La ville de Palmyre, baptisée la «perle du désert syrien», abrite des joyaux de l'Antiquité. C'est «l'un des sites les plus significatifs du Moyen-Orient et la population civile qui s'y trouve», avait alerté l'Unesco au moment des combats. Mais la cité antique est tombée aux mains des djihadistes en mai.

Les djihadistes avaient affirmé qu'ils ne toucheraient pas aux colonnades, aux théâtres antiques et autres vestiges de la cité. Dès le mois de juin pourtant, ils s'en sont pris à des mausolées dans la ville, ainsi qu'à des tombes et des statues. Ils ont également réduit en ruines le célèbre musée de mosaïques à grand renfort de TNT, avant de briser à coups de marteau le Lion d'Athéna, œuvre monumentale située à l'entrée du musée de la cité antique. Ce dernier lieu par ailleurs été transformé le musée en tribunal et en prison, ils ont commis des exécutions dans le théâtre antique et ont assassiné l'ancien directeur des Antiquités de la ville, Khaled al-Assad

Le 26 août, la destruction de la ville a atteint un nouveau stade après l'explosion du célèbre temple antique de Baalshamin. Ce monument avait commencé à être érigé en l'an 17 puis a été agrandi et embelli par l'empereur romain Hadrien en 130. Dimanche 30 août, c'est le temple de Bel (ou temple de Baal) qui a, cette fois, été en pris pour cible. L'Observatoire syrien des droits de l'hommes (OSDH) a précisé ne pas connaître encore l'ampleur des dégâts infligés à ce temple dédié au dieu Soleil, qui était dans un état de conservation remarquable. «Selon les informations que nous avons recueillies, les djihadistes de l'EI ont procédé à une explosion dimanche dans la cour du temple mais la 'cella' (partie close du temple) et les colonnades frontales sont intactes», a déclaré Maamoun Abdelkarim, le directeur des Antiquités.

• Mais aussi: trafic, contrebande et fouilles clandestines

Quand l'Etat islamique ne détruit pas, il pille. Les patrimoines syrien et irakien sont devenus une manne financière non négligeable pour les djihadistes, et la principale source de financement du terrorisme dans la région, après le pétrole.Presque 1800 des 12.000 sites archéologiques irakiens se trouvent dans des zones contrôlées par l'EI. En Syrie, le trafic d'antiquités avait commencé avant Daech, mais les islamistes ont intensifié la contrebande. les fouilles clandestines, destinées au trafic, se multiplient sur tous les sites historiques, notamment à Palmyre. L'historien Pascal Butterlin qualifie le saccage patrimonial en Syrie «la plus grosse catastrophe patrimoniale depuis la Seconde guerre mondiale».

(Avec AFP)



Jtk

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