Objet: [Lettre de démission du directeur des fouilles du site du Port Phénicien Hisham Sayegh,
en date du 27 juin 2012, distribuee aux medias, traduite de l'arabe
Lettre de démission du directeur des fouilles du site du Port Phénicien
Hisham Sayegh, en date du 27 juin 2012, distribuée aux médias, en arabe.
Lettre Ouverte au Ministre de la culture
Monsieur Gaby Layoun.
Jamais l'archéologie au Liban n'a assisté, depuis les siècles derniers,
ni durant les guerres des époques anciennes, ni durant l'invasion
israélienne de Beyrouth et ses bombardements, à une destruction comme
celle à laquelle elle assiste depuis votre prise de fonction au
ministère de la culture.
En vain, j'essayai de me convaincre que la
destruction des sites archéologiques et des demeures traditionnelles
n'avait aucun lien avec vous, et que l'archéologue contractuel, Asaad
Seif, proche de vous, habitué à enfreindre et détourner les lois au sein
de la Direction Générale des Antiquités ou DGA, était à l'origine, à
votre insu, de la destruction des trésors du Liban.
Ainsi, et en espérant qu'une réparation permettrait le retour des choses à la normale, je me suis imposé un silence amer en subissant vos reproches et
vos pressions, la dernière en date étant votre refus de signer le
renouvellement de mon contrat à la DGA, sans aucune justification, et ce seulement parce que j'étais cet archéologue qui a découvert en l'an
2011 le site du port phénicien sur la parcelle n° 1398 à Minet El-Hosn, et qui a rédigé un rapport scientifique à ce sujet et a voulu préserver
le site.
Partant de mes principes de croyance en Dieu, dans le
Liban, dans l'État et dans la loi, j'ai refusé avec les précédents
ministres de la Culture les pots de vins qui nous ont été proposés
généreusement par la société VENUS propriétaire dudit bien-fonds afin que nous acceptions de falsifier et détourner la vérité scientifique sur l'origine et l'importance de cette découverte au cœur de la capitale
Beyrouth.
Mais ce dont j'ai été témoin hier et dont ont été témoins
les Libanais, à travers les médias, d'une telle destruction programmée
de ce site phénicien, avec votre accord, et d'un tel rasement en
quelques minutes de monuments et de vestiges qui datent de milliers
d'années, tout cela ne m'a pas seulement fait mal, mais m'a transpercé
comme une balle, qui ne m'a pas épargné pour que je survive, ni tué pour
que je rejoigne les vestiges de ma patrie.
Monsieur le ministre de la Culture Gaby Layoun,
excusez-moi, je ne peux plus rester ce témoin muet, de la Direction
Générale des Antiquités (DGA), sur la destruction des vestiges de mon
pays et la falsification de leur identité, plutôt que d'être celui qui
veille sur sa protection, le préservant afin de le transmettre aux
générations futures
Ainsi j'ai décidé de m'adresser, à travers
cette lettre, à la nation, à la Justice et à l'Histoire, annonçant ma
démission de mes fonctions à la DGA en espérant que les Libanais et
l'Histoire excuseront mon incapacité de préserver les vestiges de mon
pays au sein de la DGA, qui à travers des pratiques illicites exercées
depuis votre prise de fonction, est devenue désormais faible et
marginale à travers la publication de rapports faussés et non
scientifiques pratiqués par des décideurs pour détruire les sites
historiques les uns après les autres. Sur ce, j'espère que vous
considèrerez ma lettre comme information auprès des autorités
judiciaires compétentes.
Beyrouth, le 27 juin 2012
L'archéologue Hisham Sayegh
JTK = Envoyé de mon iPad.
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