28/5/2013-À la découverte des villages isolés de la Békaa | Politique Liban | L'Orient-Le Jour
Il est environ 10 heures lorsque se dessine la silhouette de Deir el-Ahmar, premier arrêt de l'excursion après deux heures et demie de route. Une bourgade dynamique de 55000 habitants où est née en 1994 l'Association des femmes de Deir el-Ahmar.
Créée à l'initiative de Dunia el-Khoury, cette ONG œuvre à promouvoir l'écotourisme de la région et à améliorer le niveau de vie des femmes grâce à leur savoir-faire, explique sa fondatrice : « Nous souhaitons encourager les femmes à aider leurs familles à travers le développement durable comme la confection de produits locaux, l'écotourisme, l'établissement de coopératives agricoles. »
Un projet ambitieux auréolé en 2002 par le prix Dubai International récompensant les meilleures pratiques pour améliorer le cadre de vie et concrétisé par la création d'un centre, d'une maison d'hôtes et autres infrastructures. Prochain objectif pour l'association, « accueillir des touristes étrangers », sourit Dunia el-Khoury.
Élevage d'autruches
Passé Deir el-Ahmar et ses routes pour le moins sinueuses, direction Bechwate. Connu pour avoir été le théâtre en 2004 d'une apparition de la Vierge, ce petit village maronite est devenu du même coup un lieu de pèlerinage pour les chrétiens, mais également pour de nombreux musulmans. La Vierge serait en effet apparue à un enfant jordanien de confession chiite à travers la statue de Notre-Dame de Bechwate, au niveau du monastère de Mar Saba.
Une visite symbolique et synonyme de recueillement pour les plus croyants avant une ultime ascension vers Barqa, fief d'une partie de la famille Geagea. Spécialisée dans la viniculture, l'agriculture et la confection de produits du terroir, la communauté, qui réunit parents et enfants, s'est également fait un nom à travers son élevage d'autruches. Une initiative très originale inspirée d'un agriculteur du Sud-Liban, raconte Nelly, guide de la journée : « Cette idée leur est venue d'un éleveur dans le Sud. Ce sont les seuls au Liban à pratiquer ce type d'élevage. Ils revendent ensuite les plumes et les œufs à Beyrouth, autour de 30 dollars la pièce. » Autre particularité : la famille possède sur ses terres la plus grande réserve de genévriers au monde. « Ce sont les jeunes qui s'en occupent. Ils ont voulu en planter partout », s'amuse Nelly en dégustant une galette de labné lors du grand repas bio organisé par les femmes du village. Cet arbre, autrefois protégé par l'empereur Hadrien, éprouve de nombreuses difficultés à se reproduire. Et pour cause : « Les baies qu'il produit doivent être mangées par les grives puis rejetées par celles-ci pour que les graines puissent faire office de semences, détaille-t-elle. Or les grives ont toutes été tuées par les chasseurs. Il semblerait que les jeunes aient trouvé la formule magique pour s'en passer. »
D'autres animations, plus ou moins pertinentes, ont également agrémenté la journée, comme la visite d'un atelier de confection de nuisettes pour « les pays arabes », selon une bonne sœur de l'association Caritas, et une dégustation de vins locaux.
Il est déjà 17 heures. Le soleil, présent avec parcimonie, laisse peu à peu sa place aux nuages qui enveloppent bientôt toute la vallée. La dernière visite prévue à Yammouneh n'aura donc pas lieu. Une petite déception qui n'entachera pas le moral des personnes présentes, venues aujourd'hui pour découvrir une région qu'elles pensaient pourtant bien connaître. « Quelle belle journée, merci beaucoup », s'exclame Leila.
Au fil de la route, les montagnes de l'Anti-Liban disparaissent peu à peu dans la brume pour laisser la place au dur retour à la réalité : Beyrouth et son trafic routier.
Envoyé de mon iPad jtk
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