Des témoins ont, semble-t-il, confondu destruction et travaux de démontage de la spina et des gradins qui seront entreposés dans un lieu sécurisé en attendant de les réintégrer dans le projet immobilier prévu sur le site en question. À la demande du ministre, le responsable des fouilles de Beyrouth, Assaad Seif, a expliqué que « pour construire leurs fondations, les bâtiments des années cinquante avaient fait couler du béton armé sur les parties archéologiques. Et les marteaux piqueurs entreprennent de casser ce béton pour libérer l'archéologie, avant d'entamer la "dépose", qui consiste à dégager en bloc les vestiges pour les conserver à l'abri. Il s'agit là d'un travail minutieux et méthodique. Ni plus, ni moins », selon
l'archéologue.
Le ministre Araïji affirme poursuivre dans la voie tracée par son prédécesseur Gaby Layoun. Et c'est « par conviction », dit-il, qu'il le fait. Il rappelle que la propriété étant un droit sacré, « l'expropriation de la parcelle ne pouvait se faire qu'à travers une procédure légale, c'est-à-dire moyennant une indemnité. Or il s'agit ici de beaucoup d'argent que l'État n'est pas en mesure d'avancer. Par conséquent, nous ne pouvons pas ad vitam aeternam interdire au propriétaire d'exploiter son bien. »
(Pour mémoire : Le dossier de l'hippodrome romain à Wadi Abou Jmil est clos)
Le Conseil d'État a tranché
« Dans l'état actuel des finances du pays, c'était la seule solution possible pour conserver et mettre en valeur ce patrimoine », poursuit le ministre, rappelant que « la construction du futur musée est financée par la société Beirut Trade, propriétaire du projet immobilier ; les frais d'entretien seront aussi à sa charge. L'espace, avec son accès indépendant, sera ouvert au public à des heures fixes comme dans tous les musées ». Et d'ajouter qu'il est « prêt à tout débat à condition qu'il se déroule dans un esprit objectif et scientifique ».
Pour rappel, en décembre dernier, le Conseil d'État avait statué en faveur de la société Beirut Trade, lui donnant le plein droit de construire son projet immobilier sur le bien-fonds 1 370 englobant l'hippodrome romain à Wadi Abou Jmil. L'Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL), qui s'était portée partie civile en engageant une procédure auprès du Conseil d'État pour obtenir l'annulation de la décision n° 849 du 24 février 2012 rendue par le ministre de la Culture Gaby Layoun, avait perdu le procès.
La commission d'experts, réunie à cette occasion par le président du Conseil d'État Chucri Sader, avait soutenu que l'opération portant sur le démantèlement des vestiges, pour permettre de creuser les fondations, répond à des normes internationales.
Le mécénat pour donner à voir
Par ailleurs, le ministre Rony Araïji a instauré une nouvelle règle du jeu relative au mécénat : toute institution ou fondation qui financera la restauration d'objets archéologiques aura le privilège de les exposer dans ses locaux, pour un temps déterminé. Une contribution précieuse au vu du budget dérisoire alloué au ministère de la Culture et, par conséquent, à la Direction générale des antiquités (DGA).
Fière d'associer son nom au plan de conservation du patrimoine libanais, la Middle East Airlines a été la première à s'engager. Son espace Business Lounge, qui accueille des dizaines de milliers de passagers chaque année, présentera, dans un mois, « sa » collection.
Grâce à un autre sponsor, dont le nom n'a pas été dévoilé, ce programme pourra s'étendre à d'autres secteurs de l'aéroport, remettant ainsi à l'honneur le tourisme culturel !
L'initiative est un projet pilote susceptible d'être reproduit dans différents lieux, selon le ministre. Elle permet ainsi de promouvoir le patrimoine en mettant en valeur une myriade de trésors qui dorment depuis des décennies dans les dépôts de la DGA.
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