lundi 16 septembre 2013

Le Centre d’études latines de l’USEK ressuscite l’histoire du Liban | À La Une | L'Orient-Le Jour

Le Centre d'études latines de l'USEK ressuscite l'histoire du Liban | À La Une | L'Orient-Le Jour

Le Centre d'études latines de l'USEK, fondé en 2008 par Mireille Issa, professeure de littérature classique et de langues latine et médiévale à l'USEK et à l'USJ, est un havre où des manuscrits latins, désuets et jaunis par le temps, s'oxygènent, se décortiquent et se traduisent en français. La finalité d'un tel centre est de revivifier l'histoire, et quelle histoire ! Celle de la plus belle eau d'un Liban qui jouissait d'un statut enviable au temps de l'Empire romain. 


« Mon projet est de traduire des manuscrits latins et des livres érudits, écrits en un latin pur comme le cristal, en collaboration avec des latinistes, chercheurs et paléontologues aussi bien libanais que français pour que les gloires d'antan soient étalées au grand jour », confie Mireille Issa. Le Centre d'études latines entreprend alors un chantier qui fait retrousser maintes manches, notamment celles de Mireille Issa qui indique avoir renoncé à tout dans la vie pour suivre sa passion : le latin, qui ne devrait pas être considéré comme une langue morte parce qu'il est incontournable dans le langage scientifique. «Quand j'étais en France, j'écoutais le bulletin d'informations qu'on diffusait sur les ondes d'une radio locale en latin ! C'est même une langue toujours en vigueur dans certains milieux savants. Donc, j'essaie inlassablement de dissiper la présomption qui dit que le latin doit être relégué aux oubliettes de l'histoire», affirme-t-elle.

 

L'École de droit de Beyrouth : une légende dépoussiérée

L'École de droit de Beyrouth, on en a ouï dire. Elle existait. N'est-elle plus? Ou est-elle ensevelie sous les tonnes de béton et de ferraille qui rongent la capitale? On n'en sait rien. Néanmoins, ce qu'on peut savoir, c'est qu'elle respire toujours à travers l'ouvrage datant du XVIIe siècle de l'historien et juriste allemand Johann Strauch. Son livre, Berytus seu de metropoli Beryto, traduit par Mireille Issa, reproduit d'une manière fidèle la vie juridique de l'Empire romain dont le Liban faisait partie. Les écoles de droit siégeaient dans quatre villes de l'Empire romain : Rome, Constantinople, Alexandrie et Beyrouth. «Chaque école abritait deux professeurs romains, ou "civis romanus", puisqu'il était strictement interdit qu'un étranger enseigne dans ces écoles, même s'il jouissait du "jus civitatis", c'est-à-dire de la citoyenneté romaine. Mais pour Beyrouth, la formule était différente. Ce sont les Phéniciens qui y enseignaient, dont Ulpien, figure de proue dans le monde juridique de l'Antiquité». explique la professeure Mireille Issa. «On a de quoi être fiers. Notre pays a toujours eu un statut politique et administratif spécial. L'empereur Auguste y passait l'été, et Beyrouth bénéficiait de sa bienveillance et de celle de tous les empereurs du IIe siècle», poursuit-elle. Qui plus est, l'ouvrage de Strauch, que Mireille Issa a traduit en balayant toutes les ambiguïtés des désinences latines qui s'annexent aux noms des villes et des sites antiques, offre une perspective anthropologique d'une métropole dont l'histoire résonne de gloire.

Et les projets futurs ?
Mireille Issa, affichant son désir de poursuivre son chantier de traduction, projette de s'arrimer sur la rive des Bullarium, ou bulles papales – correspondances entre le Vatican et le patriarcat maronite entre le XIIe et le XVIIIe siècle. «Ce sont des textes anarchiquement regroupés et qui, une fois traduits, nous permettraient de lire l'histoire du Liban sous un autre angle», souligne-t-elle. Mireille Issa avoue être à sa 20e bulle, ce qui fait le dixième des 200 bulles papales rédigées en latin classique et qu'il faut aborder avec vigilance et tact, «pour ne pas prêter le flanc à la critique», conclut-elle.

Pour mémoire

De la Phénicie aux sociétés arabes médiévales

Les Abillama face à leur histoire et à celle du Liban...


Envoyé de mon Ipad 

Aucun commentaire: